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mars 2024
« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)
SNCF, des bénéfices fictifs ? Du transport public au fardeau économique.
Il serait trop ambitieux et sans doute ennuyeux de regarder en détail les comptes de la SNCF. Pourtant chacun paye pour ce service par l’achat de tickets ou ses impôts. Car ce qui caractérise le transport ferroviaire est d’être presque partout assez largement subventionné par le contribuable. Et il serait intéressant de pouvoir faire des comparaisons à ce titre. Mais avant même de pouvoir se livrer à cet exercice sans doute impossible, il est étonnant de constater que la SNCF ait publié pour 2023 des résultats « bénéficiaires » de 1,3 Md mais en baisse de 45% par rapport à 2022. Il est assez marquant qu’à la page 9 de son rapport annuel, s’agissant de sa « performance financière » le groupe ne fasse pas apparaitre son bénéfice ! Mais il est bon de donner quelques chiffres qui y figurent : un chiffre d’affaires de 41 Mds en baisse de 311 millions, et de -1,1% à périmètre constant ; les charges de personnel progressent elles de 5% à périmètre constant. Quelques avancées sociales le justifient comme « l’attribution d’un forfait mobilité durable par salarié, pour réduire l’empreinte environnementale et faire des salariés des bénéficiaires de la transition écologique et sociale », ou « la compensation financière du coût social résultant de la régularisation en avantage en nature des facilités de circulation de loisir des salariés de la SNCF », ou encore « l’attribution d’une prime de partage de la valeur à tous les salariés, en récompense de leur engagement et de leur contribution aux succès et aux bons résultats économiques de l’entreprise » ! Avec des résultats en baisse de 45% et une grève au premier trimestre contre la réforme des retraites dont le coût a été estimé par la direction à 350 millions, voilà qui surprend !
Rappelons aussi que le régime de retraite des agents de la SNCF compte 115 000 cotisants pour 233 000 bénéficiaires (dont 80 000 réversions) et coûte plus de 5 Mds dont 3 Mds versés par l’État (ie le contribuable). Pour des charges de personnel de 16,5 Mds, en hausse de 900 millions, soit 40% du chiffre d’affaires. Des charges de personnel dans cette proportion se retrouvent en général dans les cabinets d’audit, les services informatiques et autres prestations de services à valeur ajoutée. Car le gros des charges d’une compagnie ferroviaire sont normalement représentées par ses investissements (infrastructures à entretenir, matériel roulant à entretenir et renouveler) et par sa consommation d’énergie…
Rappelons enfin que rentrent dans le calcul de son bénéfice les 11 Mds de subventions de fonctionnement et les 6 milliards de subventions d’investissement provenant de l’État, des collectivités locales, des entreprises…
Aussi peut-on dire que les bénéfices de la SNCF sont bel et bien fictifs. C’est sans doute la raison pour laquelle ils ne figurent pas dans la page de la performance financière du groupe…
En savoir plus sur le site de Fipeco, toujours très bien documenté. Et quand vous achetez un billet SNCF très cher posez-vous la question de ce que vous payez en plus, sans le savoir… pour le bénéfice -non fictif- des agents publics.