Au fil des lectures : reçu 10/10
novembre 2014
« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)
Pourquoi pas nous ?
Petit vent d’optimisme à la lecture du dernier essai de Xavier FONTANET, « Pourquoi pas nous ? » ! (Ed. Les belles Lettres – Fayard)
Xavier FONTANET commence pourtant par un constat bien morose : la France va dans le mur… Comparer comme il le fait la France de 2013 à la France de 1973 donne le vertige. N’en retenons que quelques chiffres : en 40 ans la dette publique est passée de 15% à 100% du PIB, le budget en équilibre à l’époque atteint un déficit de 4% du PIB, le chômage a grimpé de 3 à 10% et la part de la sphère publique est de 57% du PIB quand elle était à 27% en 1973.
C’est bien là que le bât blesse ! Car avec la nouvelle donne de la mondialisation, les sphères publiques sont désormais mises en concurrence : « un État trop lourd tue les entreprises qui travaillent sur son sol. A trop subventionner la demande et trop taxer l’entreprise, dans un monde concurrentiel où les voisins ne font pas de même, on finit par tuer les entreprises opérant sur son territoire. »
Pour autant, il ne s’agit pas de se passer de l’Etat : « sans un État qui assure la défense de la liberté et de la propriété, rien de peut se faire… simplement, l’Etat doit intégrer la nouvelle donne concurrentielle en se repositionnant. »
Une des origines du problème est le mauvais enseignement de l’entreprise et de l’économie à l’école, le capitalisme étant encore souvent présenté comme un système d’exploitation plutôt qu’une source de création de valeur. « Les concepteurs des programmes n’ont que très rarement pris eux-mêmes le risque de monter une entreprise. Ils sont des moniteurs de ski qui ne sont jamais montés sur des planches et veulent vous apprendre à skier ! »
Et Xavier FONTANET de nous rappeler un certain nombre de règles économiques, simples, pleines de bon sens, qui ne seraient pas sans déplaire à Jean-Baptiste Say : « Quand la situation est difficile mais que les dirigeants font un bon diagnostic, accompagné d’un plan de mesures cohérentes, les gens sont prêts à entendre la vérité et ouverts au changement, même si certaines mesures sont dures à vivre ». Et il poursuit : « Aucun redressement de pays n’a réussi quand on a pénalisé ou démotivé les entrepreneurs, ceux qui précisément peuvent créer des entreprises et donc des emplois ». Et perdre ses entrepreneurs sans y prêter attention, comme cela se passe actuellement en France, c’est grave, car « un entrepreneur, c’est une personne unique, qui détient un métier, métier construit sur une expérience personnelle, et qui accepte le risque, ce qui est rare. »
Alors, à travers l’expérience réussie de trois pays, Xavier FONTANET nous donne de multiples pistes pour sortir de la paralysie qui saisit notre pays. Il nous emmène au Canada, en Allemagne et en Nouvelle-Zélande, qui ont remis leur économie sur pied après des périodes de réformes où la sphère publique s’est mise au service de la sphère privée, et où la population n’a pas pour autant l’air plus malheureuse qu’en France. « Car des retournements de situation réussis, cela veut dire que les finances publiques se sont améliorées, que la croissance est revenue et surtout que les citoyens ont retrouvé leur moral et leur fierté. »
Ainsi, même si les changements à opérer pour obtenir ces résultats en France sont profonds, ce voyage à l’international nous donne de bonnes raisons de croire au changement. Et Xavier FONTANET de conclure : « Réduire de 20% la sphère publique n’est pas une tâche difficile, ni à concevoir, ni à réaliser. Il ne faut pas prévoir de drame car le changement s’opérera par des transferts de responsabilité. Il faut beaucoup de pédagogie et s’assurer que chacun fait un égal effort ».
Allez la France !