Parole d’entrepreneur
octobre 2016
Philippe PORCEL
Philippe Porcel débute sa carrière, à 22 ans, au sein de la holding de tête du groupe Pinault (GEFIP) après avoir été diplômé d’une ESC. Il accepte de s’expatrier en Afrique occidentale avec la mission de déployer un marketing performant en particulier pour la Compagnie française d’Afrique occidentale (CFAO). Deux ans plus tard, au cœur de l’Afrique, il ressent le besoin de s’intéresser au destin de la petite entreprise familiale artisanale Seibo, qui l’a vu naître et reporte, à plus tard, l’appel de la carrière « grand groupe » qui s’offre à lui. Le choix de l’entreprise familiale, d’activité « bobinage et réparation de moteurs électriques industriels » est juste improbable et pourtant il le fait. Il reprend immédiatement à son retour un cycle court de formation « ingénieur » à l’Université de Technologie de Compiègne et développe simultanément l’entreprise.
Vingt ans après il a transformé la petite entreprise initiale mono-site de 10 collaborateurs en un réseau de 10 grands centres de profit, chacun très rentable, assurant, avec plus de 100 collaborateurs, pour plus de 5 000 clients industriels et infrastructure, une maintenance électromécanique et électronique industrielle de pointe. Le groupe Seibo, en 2015, faisait partie des leaders nationaux en ingénierie vitesse variable.
Le 25 octobre 2002 Philippe PORCEL, a reçu du Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre RAFFARIN, le prix spécial du jury du Concours National de l’Entreprise Innovante.
En 2015, à 46 ans, il a décidé de céder son groupe en acceptant le MBO proposé par son N°2. Philippe Porcel aujourd’hui installé à Bruxelles, met son expérience de chef d’entreprise au service des autres entrepreneurs comme mentor par le biais du capital-risque, en investissant en start-up et en entreprises innovantes comme par l’enseignement universitaire et le partage d’expériences auprès des jeunes dirigeants/créateurs (Kalos Consulting).
Pourquoi être devenu entrepreneur ?
La décision de me lancer, à 24 ans, dans la reprise familiale d’une petite exploitation, était pour moi la nécessaire satisfaction de mes aspirations « profondes », que j’avais clairement identifiées très tôt.
• Intégrer fidèlement le passé pour changer l’avenir.
• Pouvoir décider, en âme et conscience au quotidien, en assumant le risque d’endosser toute la responsabilité
• Tutoyer la liberté.
• Me remettre en cause en permanence pour progresser, m’élever et aider les autres à s’élever, s’ils le souhaitent.
• Vivre, avec du sens, un choix de vie et une vie de choix, permettant de s’accomplir sereinement dans l’altérité et à la bonne vitesse.
Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?
Je pense que l’Essence même de l’entrepreneuriat, c’est la vision. Puis c’est connaitre sa boîte et diriger la stratégie, avoir cette vision et faire en sorte qu’elle s’exécute. Effectivement, dans cette démarche, l’entrepreneur est le seul à le faire, comme une démarche introspective qui ne peut se faire à plusieurs…
Mais il faut également accepter l’idée que l’Entrepreneur doit jongler entre l’obstination et sa capacité d’adaptation, entre le fait d’être obtus et le fait d’être à l’écoute. Et c’est là que les autres deviennent des éléments « constitutifs » à son cheminement : il ne peut clairement plus « entreprendre » seul dans cette phase de déploiement de sa vision.
En fait, l’entrepreneur, ce n’est pas un métier, c’est une posture à adopter. C’est un engagement permanent vers des objectifs que peu de gens comprendront. C’est avoir une vision et vouloir/pouvoir/savoir l’imposer. C’est accepter que les choses ne fonctionnent pas toujours comme on le voudrait et donc voyager, en permanence, entre l’intérieur (la vision) et l’extérieur (le déploiement – les autres)
Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?
En lancement de projet, l’obsession de l’entrepreneur est de vérifier en permanence que la valeur est la qualité reconnue aux biens qu’il vend ou aux services qu’il assure, par ceux qui les utilisent ou les possèdent, ceci d’ailleurs, s’inscrivant en chiffres et nombres, sur les bilans successifs de son entreprise, comme des carnets de notes annuels.
Et puis, sans jamais abandonner cette praticité de la valeur, et fort de cette démarche, année après année, il vérifie, sur un autre plan, la pensée exprimée il y a plus d’un siècle par Henry Ford… en percevant la valeur ailleurs et autrement : « Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan de l’entreprise : sa réputation et ses hommes »
Quelles sont les trois mesures que vous prendriez pour améliorer le développement des entreprises françaises ?
Une seule, mais définitive : créer et entretenir un esprit républicain entrepreneurial, et les lois correspondantes, pour faire coexister les valeurs essentielles du citoyen que sont « Liberté, Égalité et Fraternité » et celles de l’Entreprenariat que je considère être « Responsabilité, Loyauté et Audace ». Mais dans quel pays peut-on trouver cela ?