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juin 2022
« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)
Pauvre Liban, quand les dirigeants ruinent leur pays…
Rappelons l’état de misère du Liban qu’il faut comparer à sa situation des années 60, quand la banque centrale plaçait -par la mesure des dépôts bancaires- le Liban comme quatrième pays le plus riche de la planète après la Suisse, les États-Unis et l’Allemagne de l’Ouest…
En deux générations la « Suisse » du proche Orient, s’est totalement effondrée. Et cette chute s’est accélérée ces dernières années : le PIB a baissé de 58% depuis 2019, le port de Beyrouth n’a pratiquement pas repris son activité depuis l’explosion de 2020, l’inflation dépasse 200%, la monnaie nationale (la Livre) a perdu 95% de sa valeur – le pays faisant défaut- le chômage dépasse 30% ; 40% des médecins ont quitté le pays…
Les feux de circulation ne fonctionnent plus et l’électricité est intermittente. Bref, ces dernières années sont même bien pires que la période de la guerre (1975-1990).
Y a-t-il des leçons à tirer, à défaut d’apporter une aide que la diaspora évaluée à 15 millions d’individus, ne semble plus assurer ? Diaspora qui se compare à une population locale d’environ 7 millions d’habitants dont deux millions de réfugiés.
Certainement la perturbation démographique qui a réduit sensiblement le poids des populations d’origine par l’émigration et l’afflux de palestiniens, syriens, irakiens etc. a profondément affecté le système éducatif qui a été incapable de gérer de tels mouvements de population, en l’absence d’un projet politique de construction d’une nation unie. Car la rivalité religieuse permise par une constitution multiconfessionnelle et les clans domestiques ou internationaux ont organisé des quotas dans les sphères du pouvoir et chacun s’est servi, puisant même directement dans le Trésor Public à des fins personnelles, familiales ou clientélistes. La corruption est ainsi devenue la raison d’être des dirigeants.
Dans ce contexte, les élections du 15 mai n’ont guère apporté de changement : une participation faible (41% contre 47% en 2018), une opposition divisée et la fidélité au système des quotas permettent la poursuite du système et donc du déclin du pays. Historiquement et culturellement proche du Liban, les dirigeants français seraient avisés de comprendre ce qui s’y passe pour éviter à leur pays un tel cauchemar. Car, si on y regarde bien, les ingrédients du désastre sont assez proches, eux aussi, de notre cuisine politique nationale.