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octobre 2021
« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)
Patrick Pouyanné, PDG de Total Énergies, quelques simples vérités
S’exprimant dans le journal Les Échos, nous relayons des propos très factuels qu’il est utile de mettre en face d’affirmations plus politiques qui peuvent obscurcir la vision qu’on peut se faire de l’avenir énergétique.
1) La demande mondiale de pétrole est repartie fortement : carburants et pétrochimie notamment. L’offre reste limitée : pas de reprise de l’exploitation de pétrole de schiste aux USA et pas de desserrage de la production de l’OPEP.
2) La plupart des acteurs européens du pétrole investissent moins et les investissements de l’industrie pétrolière sont devenus insuffisants pour faire face au déclin naturel des champs (3-4% par an).
3) Les prix spot du gaz en Europe ont progressé de 300% cette année sous l’effet de la forte demande. Notamment de la Chine qui cherche à substituer le gaz au charbon pour des raisons environnementales. Demande vigoureuse en Europe aussi à la suite de la faiblesse de la production éolienne au cours de l’été qui a conduit à tirer sur les stocks. Si la plupart des contrats d’approvisionnement sont fixés avec des conditions de long terme, cette forte hausse peut inciter certains pays émergents comme l’Inde à revenir vers le charbon ou le fioul.
4) Il faut noter l’absence de gestion à long terme par l’Europe de sa dépendance aux ressources externes en gaz et notamment l’absence de stocks stratégiques d’une ressource qui se raréfie sur le continent avec l’épuisement des vieux champs géants comme Groningue aux Pays-Bas.
5) On se trompe et l’on trompe l’opinion si l’on fait croire que le renouvelable est gratuit. De gros investissements sont nécessaires à la transition énergétique. In fine, l’énergie coûtera plus cher aux agents économiques, d’où la nécessité d’organiser la réduction de la consommation.
6) L’interdiction de la vente de véhicules thermiques en Europe en 2035, si elle était généralisée dans le monde conduirait à une baisse de la consommation de pétrole de 25 millions de barils/jour sur une production quotidienne de 100 millions. Comment sera produite l’électricité qui sera nécessaire en substitution ?
Nous en tirons quelques conclusions :
Il faut donc bien garder à l’esprit le caractère intermittent du solaire, de l’éolien et de l’hydraulique aussi. Le gaz est la ressource d’usage souple qui permet d’y faire face. Mais sur la base d’une production de base stable qui ne peut venir que du nucléaire. Au risque de renchérir les prix de l’énergie (électricité comprise) à un niveau inacceptable par les populations ou d’organiser le déclin de nos économies et la régression de nos modes de vie, il n’est pas possible de poursuivre en même temps l’arrêt du nucléaire et la baisse des émissions de C02.