Parole d’entrepreneur
mars 2017
Nicolas Chabot – Traackr –
Nicolas Chabot mène le développement de Traackr en Europe en tant qu’investisseur et VP EMEA. Basé à San Francisco, Traackr permet aux marques de planifier et exécuter des programmes relationnels sur les réseaux sociaux en identifiant et analysant l’impact des influenceurs sur le web. Avant de rejoindre Traackr, Nicolas a acquis une longue expérience de dirigeant dans le retail au sein des groupes Darty et Carrefour. Il est aussi un alumni du Boston Consulting Group (BCG) et diplômé d’HEC. Son expertise couvre les domaines du management, de la stratégie, du retail et consumer goods ainsi que du marketing digital.
Pourquoi être devenu entrepreneur ?
Je crois que c’est un choix que j’avais retardé trop longtemps; il s’est finalement imposé à moi par une combinaison de raisons émotionnelles et économiques.
D’abord sans doute par indiscipline et goût de la liberté ! Par envie de travailler avec des gens qui ont choisi de travailler ensemble !
Une envie de prise de risque et l’espoir d’un beau retour sur investissement: sait-on jamais si l’aventure était couronnée de succès ?
Et en se rassurant par calcul: convaincu que l’avenir est dans le développement des nouvelles technologies, je souhaitais aussi me confronter à cette révolution.
À la fin c’est surtout une envie de s’amuser, d’augmenter la dose d’adrénaline quotidienne !
Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?
Dans une jeune société de « tech » comme Traackr, nous sommes tous des entrepreneurs. Ceux qui nous rejoignent abandonnent des postes de responsabilités dans des grands groupes pour une société au futur encore risqué, ou bien choisissent de faire un stage dans une start-up inconnue plutôt que dans une banque d’affaires pendant leur cursus à HEC.
Mais nos investisseurs sont aussi des entrepreneurs, soit qu’ils en aient l’âme (et donc une bonne compréhension du sujet) soit qu’ils en aient le passé.
Et je crois aussi que nos clients sont entrepreneurs : pour eux, choisir Traackr c’est une nouvelle façon de faire du marketing, d’innover sur des stratégies de communication nouvelles, c’est prendre des risques au sein de son organisation, vouloir changer les pratiques en cours. J’ai beaucoup d’admiration pour les early-adopters capables d’investir dans des projets et des partenaires innovants en mettant leur propre crédibilité en jeu.
Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?
La création de valeur a bien sûr une réalité économique. Pour une société comme la nôtre elle se mesure essentiellement grâce au cashflow généré et à la valorisation croissante de la société auprès de ses investisseurs successifs.
Mais, pour moi, la création de valeur se matérialise aussi concrètement par deux critères:
– la fidélité des clients, des grandes marques avec qui nous travaillons et qui décident d’accélérer leur investissement dans nos solutions : quelle gratification et marque de confiance reçue de la part de professionnels du marketing !
– l’embauche de nouveaux collaborateurs. Alors que la «tech» est critiquée pour son faible taux de création d’emploi, avoir la capacité d’augmenter la taille de nos équipes, de créer de l’emploi pérenne, qualifié, reste à mon sens une belle preuve de création de valeur.
Enfin dans un autre sens, nous essayons de développer une entreprise qui soit aussi porteuse de valeurs : valeur de solidarité et de prise de risque en particulier.
Quelles sont les trois mesures que vous prendriez pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?
• La première me semble être la simplification administrative. Le nombre de règles, d’instituts divers à gérer (Ursaaf, retraites, apprentissage, formation, TVA etc…) n’en finit jamais. Même les aides et subventions semblent hors de portée pour cause de complexité.
• Un autre aspect fondamental est la capacité à opérer sur un marché unique. Par exemple, malgré une législation européenne commune sur la « data privacy », la mise en œuvre reste locale et l’écart entre le UK et la France reste source de complexité par exemple.
• Cependant, j’aimerais aussi attirer l’attention sur le fait qu’un environnement favorable doit venir autant -sinon plus- du milieu économique lui-même que de l’État : respect des délais de paiement, financements bancaires, ou capacité des grands groupes à prendre des risques et à soutenir l’innovation. Car ce sont parfois les mêmes qui critiquent l’inefficacité de l’État et qui ne prennent pas leurs responsabilités.