Au fil des lectures : reçu 10/10
novembre 2019
« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)
Michel Erman, Aimons-nous encore la liberté ?
Édition Plon / 150 p. / 16 €
Question rarement posée aujourd’hui que celle de la liberté réelle que les marxistes opposaient hier à la liberté formelle, au prétexte que les droits étaient virtuels tant la soumission économique dissimulait l’oppression politique. Michel Erman, professeur des Universités et philosophe voit nos libertés réelles reculer non sous l’effet d’une oppression économique, mais d’une certaine lassitude de l’envie d’être libre.
C’est-à-dire de choisir l’autonomie de la pensée, par la recherche de la connaissance, le raisonnement élaboré et le respect de la contradiction.
Le conformisme et la soumission viennent nourrir des intolérances mortelles pour la liberté de penser et d’expression, dictées par des communautarismes rassemblant des surmois narcissiques, expressions d’opinions individuelles non argumentées, qui s’érigent en vérités et en moralités insurpassables. De nouveaux directeurs de conscience s’installent facilement avec les réseaux sociaux pour nous faire abdiquer doucement de nos droits par une contrainte sociale déguisée en nouvel ordre moral ou par la recherche d’une protection illusoire.
Michel Erman nous presse de retrouver l’envie d’être libres, de penser par nous-mêmes, car la liberté est bien le sel de la vie.
L’auteur n’aborde pas la question de la liberté économique qui s’ajoute pourtant à celle qu’il traite quand on examine la réduction du champ de nos libertés. Par l’impôt et les prélèvements sociaux qui financent sans autre choix possible des pans entiers de nos existences, comme par la dépendance à l’assistance, qui fige les positions sociales, l’État « providence » ne vient-il pas aussi épuiser nos libertés ?