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novembre 2018
« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)
Martin Parker « Shut down the business schools » (le Monde)
Martin Parker enseignant au département de management de l’université de Bristol auteur de « Shut down the business schools » dans le Monde, supplément Universités et Grandes Écoles du 8 novembre.
Peut être parce qu’il y avait de la place dans son supplément ou pour paraître « équilibré » le Monde offre une tribune pour le moins étonnante, à ce qui est un concentré de « ces préjugés, ces autorités, qui en science comme en morale, en littérature comme en administration viennent s’interposer entre l’homme et la vérité » (Say).
Parce que certains responsables de la crise financière de 2008 et de la récession qui a suivi étaient titulaires de MBA d’universités américaines, voilà que nos pauvres étudiants en école de commerce sont devenus des « jeunes gens au service du capitalisme ». On s’étonne comme toujours qu’aucun procès de ce genre n’ait jamais été fait aux jeunes gens formés dans les universités ou grandes écoles qui ont été au service du communisme ou du fascisme et qui n’ont guère contribué à la prospérité globale, à la différence du capitalisme… Il faut souligner aussi le caractère oppressif d’une proposition qui vise à fermer une école au motif de son échec.
La fermeture d’une école est toujours la marque du recul de la connaissance et de l’avancée de l’ignorance, mère de toutes les censures et de toutes les idéologies.
Il est vrai que la « finance », car c’est l’objet de la critique, a peut-être pris une place trop importante « en tant que telle » par rapport à son rôle dans le financement de l’économie et dans l’orientation de l’épargne vers celle-ci.
Il est vrai aussi que la modélisation mathématique, outil d’analyse et de compréhension, est devenue probablement de façon excessive un outil de prévisions et de décision, qui a tendance à substituer des « dérivés » à la réalité des actifs qui perdent leur valeur intrinsèque au profit du comportement statistique de leur prix sur les marchés financiers. S’agissant de la France, c’est davantage les écoles d’ingénieurs qui ont peuplé les salles de marché qu’il faudrait alors fermer…
Non monsieur Parker, ce ne sont pas les business schools qui ont provoqué la crise de 2008, mais les régulateurs, les banques centrales, et oui aussi, la cupidité et l’incompétence.
Rappelons que Say a participé à la création de l’ESCP et que ce sont bien des générations d’étudiants passés dans les business schools qui ont contribué, et sûrement pas eux-seuls au développement de nos économies et à la prospérité dont jouit n’importe quel enseignant de l’université de Bristol…
Quant à revoir, adapter et enrichir les enseignements qu’ils reçoivent, c’est l’objet de toute mission pédagogique et certainement qu’il y a là à faire comme il y a beaucoup à faire pour former les citoyens, les consommateurs et les dirigeants publics et privés. Mais pas en fermant les écoles !