Il nous l'avait bien dit
janvier 2016
L’utilité du bon sens
Dans ce bref passage qui résume son ambition et sa vie, Jean-Baptiste Say nous propose une belle feuille de route pour 2016 !
« Tout homme doué de son bon sens désire ce qui peut contribuer à son bien-être, ce qui lui est utile, et repousse ce qui produit en lui un malaise ou de la douleur, ce qui lui est nuisible. Si quelques personnes désirent et font des sacrifices pour avoir ce qui leur est nuisible, c’est :
Ou par ignorance, par ce qu’elles ne connaissent pas les qualités nuisibles de ce qu’elles souhaitent et leur attribuent des qualités utiles qu’elles n’ont pas;
Ou par démence, lorsqu’elles souhaitent ce qu’elles savent leur être contraire;
Ou par passion, c’est-à-dire par une faiblesse qui leur fait sacrifier un bien être futur à la satisfaction d’un appétit présent, ou un bien être présent et incontestable à un bien-être futur et contesté, comme les religieux de la Trappe.
Dans tous les cas où les hommes ne préfèrent pas ce qui leur est utile à ce qui leur est nuisible, il y a démence, ignorance ou passion; ces trois circonstances sont donc les premiers obstacles au bien-être, au bonheur de l’homme; car la première condition pour obtenir une chose c’est de la désirer, de la rechercher. Quiconque travaille à éclairer l’ignorance, à guérir la démence, et à soumettre les passions à l’empire de la raison est donc un bienfaiteur de l’humanité, et travaille efficacement au bonheur des hommes. »
Essai sur le principe de l’utilité in Mélanges de morale (édition 1839)