Il nous l'avait bien dit
mars 2017
“L’invention de machines nouvelles est sujette à peu d’inconvénients”
« Dans une société où les capitaux vont en croissant, l’invention de machines nouvelles est sujette à peu d’inconvénients. Elles multiplient, il est vrai le nombre des êtres travaillant ; mais dans un tel pays, de nouveaux capitaux permettent de faire travailler les nouveaux êtres travaillants qui se présentent. Car ce n’est pas le défaut de consommateurs qui arrête l’essor de l’industrie, c’est le défaut de capitaux : il naît des consommateurs partout où il naît des produits. Quand les capitaux ne manquent pas, nul être capable de travail ne reste désœuvré malgré lui.
Ce serait bien vainement que vous chercheriez à éviter le mal passager qui peut accompagner l’invention d’une machine nouvelle, en défendant d’en faire usage. Elle sera exécutée quelque part en à l’étranger ; ses produits seront moins chers que ceux que vos ouvriers continueront à créer laborieusement et leur bon marché enlèvera toujours nécessairement à ces ouvriers leurs consommateurs et leur ouvrage.
Toutes les fois qu’on parvient au contraire à surmonter les difficultés qui accompagnent l’introduction de nouvelles machines, on retire non seulement des avantages généraux, mais encore des avantages particuliers pour la classe qui dans les commencements avait de quoi se plaindre. L’expérience de tous les temps offre une foule de preuves de cette assertion. Il est bien peu de machines qui n’aient d’autre avantage que de remplacer purement et simplement le travail de l’homme ; il en est bien peu par conséquent que le travail de l’homme puisse remplacer entièrement. Et l’on peut supposer que les machines qui s’inventent chaque jour et qui s’inventeront dans la suite seront à peu près dans le même cas. Par conséquent, repousser une machine nouvelle, c’est repousser un produit nouveau jusqu’à un certain point. »
Traité d’économie politique T1 p.49 et s. Édition 1803