Il nous l'avait bien dit
novembre 2020
Les causes et les effets : les mettre dans le bon ordre.
Alors que nous subissons une pandémie et que les gouvernants déploient des mesures extraordinaires, tant en termes de réduction des libertés que d’augmentation des dépenses et des dettes publiques, il ne faut pas quitter une certaine raison si on veut identifier les vraies responsabilités.
« Quand on cite un fait comme étant la cause d’un autre, uniquement parce qu’il l’a précédé, c’est comme si l’on disait que les Romains ont fait la conquête du monde parce qu’ils consultaient les poulets sacrés. Il faut de plus prouver rigoureusement que l’effet est lié à la cause.
Sur les frontières de la Suisse et de la Savoie, au pied du mont Salève, est un grand village nommé Chène, dont une moitié est catholique, et dépend de la Savoie, et l’autre moitié est protestante. Il y a peu d’années, le feu prit à la partie catholique et menaçait de la consumer en totalité. Les habitants coururent à l’église et se mirent en prières. La partie protestante accourut avec des secours, et l’incendie fut éteint. Les catholiques attribuèrent l’effet à leurs prières ; les protestants à leurs secours.
Nous raisonnons souvent de la même manière dans de plus grandes affaires et de plus vastes incendies. Je ne crois pas qu’il faille attacher trop d’importance aux petites causes. Elles amènent parfois de grands événements ; mais c’est lorsque ces grands événements sont mûrs pour arriver. Elles sont causes occasionnelles, et non pas efficientes. Un souffle fait tomber une poire ; il est cause de cet événement, si vous voulez ; mais ce n’est pas le souffle qui a produit la poire ; c’est la terre, le soleil, et le temps ; le temps ! Élément si important dans toutes les choses de ce monde ! »
Petit volume contenant quelques aperçus des hommes et de la société (1818)