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avril 2023
« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)
Les 10 principes de Mankiw
Dans le grand désordre bien organisé de l’information et de la pensée économique du débat public, il semble nécessaire de rappeler quelques fondamentaux. L’économie est plus complexe que la simple intendance, mais elle reste « cette part de l’activité individuelle et sociale qui est essentiellement consacrée à atteindre et à utiliser les conditions matérielles du bien-être » (Alfred Marshall). Pour Raymond Barre « L’activité humaine présente un aspect économique lorsqu’il y a lutte contre la rareté (…). Les sujets économiques ressentent des besoins, cherchent à améliorer leur condition en procédant à des actes de production et d’échanges portant sur des biens et services finalement destinés à la consommation » (Économie Politique T1 éd. 1975). Si la science économique depuis trois siècles donne lieu à une production riche et variée, Nicholas Gregory Mankiw, professeur à Harvard, est notamment connu pour avoir rassemblé 10 principes qui font fonctionner l’économie, permettant aux individus de lutter avec efficacité contre la rareté et donc de développer la prospérité.
1) Les agents économiques (ménages, entreprises, collectivités publiques) sont soumis à des arbitrages : on n’a rien pour rien.
Les ressources sont limitées et les besoins sont illimités. Il faut donc faire des choix. Entre changer le frigo ou le lave-linge, entre des armes ou des infrastructures…
2) Le coût d’un bien est ce à quoi il faut renoncer pour l’obtenir.
Le coût de renonciation équivaut à la meilleure opportunité à laquelle on doit renoncer lorsqu’on prend une décision. On cherche le meilleur équilibre coûts/bénéfices.
3) Les gens rationnels raisonnent à la marge.
Chaque agent fait ses choix en toute connaissance de cause, il classe toutes ses possibilités en fonction de ses préférences et cherche le meilleur résultat possible par rapport à son objectif.
4) Les gens réagissent aux incitations.
Les taxes sur l’essence augmentent, les ménages adoptent une conduite économe et prennent davantage le vélo. Et ils achèteront celui qui fait l’objet d’une promotion.
5) Les échanges améliorent le bien-être de tous.
La libéralisation des échanges permet la spécialisation et la compétition fait baisser les prix et stimule l’innovation.
6) Les marchés représentent en général une façon efficiente d’organiser l’activité économique.
Les prix véhiculent une information essentielle sur la rareté et permettent à l’offre et à la demande de s’équilibrer avec la meilleure allocation des ressources possible.
7) Le gouvernement améliore parfois les solutions du marché.
Les défaillances du marché (externalités négatives, émergence de monopoles ou d’oligopoles, instabilités) mènent souvent à des allocations inefficaces des ressources en l’absence d’intervention. Le gouvernement peut corriger certaines lacunes du marché, mais il peut aussi se tromper.
8) Le niveau de vie d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et des services
Le PIB par habitant est une mesure du niveau de vie très simple mais utile car elle nous indique la production moyenne d’une économie. Il ne peut progresser que par la productivité : en améliorant le rapport entre la production et la quantité de travail utilisée. Sans gains de productivité, une augmentation de la quantité de travail permet d’augmenter le PIB/ habitant, donc la prospérité des ménages.
9) Les prix augmentent lorsque la banque centrale imprime trop de monnaie.
Si la banque centrale émet plus de monnaie que l’économie ne produit de richesses, à un moment donné, la valeur de la monnaie diminue (les prix montent).
10) À court terme, la société fait face à un arbitrage entre l’inflation et le chômage.
C’est la fameuse « courbe de Philips », qui repose sur une observation empirique qui lie l’inflation et le chômage : plus le chômage baisse plus l’inflation (par la hausse des salaires) est susceptible d’augmenter.
Si nous soulignons (en gras) le huitième principe c’est bien parce qu’il est le plus ignoré voire le plus contesté dans notre pays. Les ménages -ou ceux qui les représentent- réclament des hausses de pouvoir d’achat et des limites aux quantités de travail, voire une baisse de celles-ci. C’est irréconciliable sauf à vivre au-dessus de ses moyens, c’est-à-dire à consommer davantage que ce que l’on produit en finançant ses achats excédentaires par de la dette, ce que nous faisons depuis des décennies. Avec 610 heures de travail annuel par habitant et par an, le pouvoir d’achat des français ne peut donc rivaliser avec celui des allemands qui travaillent plus de 700 heures. En témoignent les statistiques entre nos deux pays.