Il nous l'avait bien dit
juin 2016
L’Angleterre… et nous ?
« Le grand malheur de l’Angleterre vient d’avoir eu, depuis de nombreuses années, des administrations successives qui, en commettant toutes les fautes possibles, n’ont jamais commis celle de manquer aux engagements du gouvernement.
Cette régularité passée en principe, jointe à la publicité des comptes, et à l’édifice spécieux de la caisse d’amortissement a élevé le crédit du gouvernement au point de lui permettre de consommer le principal des revenus à venir du peuple anglais, de faire porter aux générations futures le poids des fautes de la génération présente, et de décupler, de centupler l’importance de ces fautes, par les vastes ressources que ce crédit mettait aux mains des directeurs du cabinet politique.
Qu’on prenne la peine de combiner cet élément avec l’orgueil d’une nation à qui l’on peut faire commettre toutes les sottises imaginables, pourvu qu’on lui parle de sa gloire et de ses droits.
Il y sans doute beaucoup de lumières en Angleterre ; mais à quoi servent les lumières, qu’importe qu’on connaisse la véritable situation des choses une fois que les passions sont en jeu ? Mais on finit toujours par payer avec usure toutes les sottises qu’on fait ; et plus on approche du terme où il faut nécessairement compter et moins on a de latitude pour commettre impunément de nouvelles erreurs. L’économie n’est plus une science de spéculation et de luxe, l’habileté est d’obligation. Et l’on peut hardiment prédire que tout gouvernement qui en méconnaîtra ou en méprisera les principes, est destiné à périr par les finances. »
In « de l’Angleterre et des anglais » 1815.