Il nous l'avait bien dit
décembre 2018
Du mensonge financier
à la vérité économique
Une importante escroquerie financière s’est développée dans les années 2000 prenant pour support l’acquisition et la revente de manuscrits, correspondances et autres œuvres. Aristophil proposait l’achat en indivision de lots de tels articles et garantissait un rendement pouvant aller jusqu’à 8%. Comme tout schéma de Ponzi, où le rendement est payé avec l’argent des nouveaux investisseurs, après avoir profondément perturbé pendant 10 ans un marché de spécialistes, l’affaire s’est effondrée en 2015 et plus de 130 000 œuvres sont vendues en justice depuis 2017 pour tenter de combler un passif qui serait supérieur à un milliard d’euros et d’indemniser plus de 16 000 victimes. Encore que dans ces schémas les victimes le sont souvent d’abord de leur propre cupidité et de leur ignorance ; en matière d’investissement il ne faut jamais faire ce que l’on ne comprend pas et un gain élevé et facile cache toujours une malignité douteuse.
Voilà comment est arrivée à la vente chez Artcurial en novembre une lettre de Jean-Baptiste Say assez piquante au regard de l’arnaque et du contexte économique dans notre pays. En 1815, à un destinataire inconnu, Say évoque l’histoire économique du début du XIXe siècle et particulièrement de Napoléon qui le révoqua du Tribunat pour n’avoir pas courbé l’échine.
« Quant aux documents rendus publics par le gouvernement de Bonaparte depuis qu’il était devenu entièrement despotique, on ne peut malheureusement se fier à leur exactitude qui était toujours subordonnée à ses vues politiques. Ce que je vous dis là n’est ignoré de personne et est positivement avancé par Mr Gaudin (Duc de Gaëte) ministre des finances sous le premier règne de Bonaparte et même à présent dans ses mémoires qu’il a publiées en août dernier pour défendre son administration inculpée par le Baron Louis. Dans ces mêmes mémoires, le Duc de Gaëte avoue que les recettes montaient presque toujours au-delà des sommes présumées, en raison des mesures vexatoires que la nature du gouvernement permettait d’employer. Il avoue aussi la violation des dépôts de cautionnements et du capital de la caisse d’amortissement. »
En matière économique et financière il importe avant tout de développer son propre jugement en fonction de vérités factuelles et statistiques et de ne point se laisser mener par ceux qui utilisent ces sujets au service de leurs vues intéressées, qu’elles soient financières ou politiques. On verra notamment comment la hausse des taxes sur les carburants ne peut prétendre être une contribution à la réduction du réchauffement climatique qui est pourtant présentée comme sa cause légitime (0/10)…