Parole d’entrepreneur

juin 2024

Diane Lenne & Marie-Solveig Auger WAP – We are Peers

www.wearepeers.com

Transformer l’expérience de chacun en apprentissage pour tous

Marie-Solveig est née à Tunis. L’une des nombreuses étapes du parcours d’un père dans la marine marchande, avec le Canada, l’Angleterre, l’Allemagne et la Belgique. Pendant ce temps-là, Diane grandit à Toulouse, avec ses 3 frère et sœurs. Son père est chef d’entreprise et sa mère peintre.

Dès ses 11 ans Diane demande à passer ses étés dans des familles à l’étranger. Elle accumule alors des expériences culturelles uniques qui lui ouvrent l’esprit sur des pratiques différentes, notamment en termes d’enseignement. Elle réalise qu’il existe d’autres modèles éducatifs. Plus ouverts, participatifs et plus engageant que notre système français.

En licence de sciences-éco elle poursuit son exploration du monde en multipliant les stages à l’étranger. En Finlande, au Canada, à San Francisco, en Inde et en Chine, elle découvre des cultures du travail toutes différentes, chacune avec ses forces particulières.

Les chemins de Diane et de Marie-Solveig se rejoignent à l’EM-Lyon, rebaptisée depuis Early Maker, une école qui se fixe comme mission de faire des étudiants des entrepreneurs.

Leur première collaboration au sein de l’association étudiante Forum est un succès. Pendant que Marie-Solveig organise les évènements de l’association – avec un fait d’arme mémorable : elle parvient après 18 mois d’efforts à faire venir Gad Elmaleh pour parler du marketing du one-man-show devant les étudiants – Diane capitalise sur son trésor d’expériences en s’impliquant dans Forum et d’autres projets associatifs étudiants.

Le courant passe bien entre elles. Les deux étudiantes ont un caractère bien trempé. Marie-Solveig est admirative de l’énergie qui anime Diane alors qu’encore étudiante elle amorce le développement de We Are Peers. Épatée par sa détermination à transformer le directeur de l’école en premier client après lui avoir expliqué que les enseignants ne suffisaient pas et qu’il était nécessaire de développer l’échange de connaissances entre étudiants, entre pairs.

En école Diane est confrontée à la même question que ses camarades : Comment trouver sa voie ? Elle réalise vite que chacun d’eux dispose de talents insoupçonnés. Qu’en créant un espace dans lequel les étudiants peuvent échanger des expériences et des connaissances, ils vont révéler leurs talents, prendre confiance, et trouver leur voie.
Avec l’appui de la direction de l’école, et suivant un nouveau concept étudiant-professeur, un premier cours délivrant des E.C.T.S. enseigné par les étudiants eux-mêmes est créé. Le concept WAP – WeArePeers est né.
Après deux années d’autoentrepreneuriat, Diane lance officiellement l’entreprise en 2018. Marie-Solveig la rejoint en 2021, après un détour chez Leroy Merlin en intrapreneuriat sur des modèles de développement innovants. Avec plus de 20,000 participants à date, la société compte 250 grandes entreprises clientes, dont la moitié du CAC40.

1) Pourquoi être devenue entrepreneur  ?

Diane : Je n’avais ni besoin ni particulièrement envie de créer une entreprise. Je n’avais aucune idée de ce que la EdTech pouvait bien être. Mon seul objectif était de permettre aux jeunes de révéler leur potentiel et leur proposer une solution d’orientation vers une éducation dans laquelle ils puissent trouver du sens. Et ce projet répondait en même temps à ma propre quête de sens. Créer une startup était finalement le moyen le plus efficace pour moi de parvenir à cet objectif. Et le plus rapide, car j’aime que les choses aillent vite. Je portais un regard neuf sur l’éducation et ma vision était claire. J’étais convaincue qu’en la conduisant moi-même j’avais plus de chance de réussite.

Marie-Solveig : je connaissais Diane, j’avais assisté à son décollage et je savais de quoi elle était capable. Et ça me donnait énormément confiance. Et puis mon expérience d’intrapreneuriat chez Leroy Merlin m’avait conquise. J’aimais travailler en flux tendu en développant des projets innovants. J’avais envie de retrouver cette énergie et ce bonheur de porter ses convictions jusqu’au bout.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Marie-Solveig : chez nous c’est toute l’équipe connectée au client qui entreprend. Chacun en son sein écoute le client, comprend son besoin, identifie les opportunités, fait évoluer le service, se remet en question, innove… L’entrepreneur en tant que tel est celui qui porte l’idée, qui définit le cap et qui embarque l’équipe. Mais chacun, de son côté, dans son domaine, entreprend. En se consultant les uns les autres.
Nous avons des peer reviews qui nous permettent de tester une idée auprès de nos collègues et d’intégrer leurs réactions, leurs suggestions, dans notre réflexion et dans nos initiatives.

Diane : je crois beaucoup à ce processus de partage et de revue entre nous que j’utilise moi-même systématiquement. Nous avons mis au point des trames, des check-lists, avec des critères précis qui assistent la prise décision. Nous nous sommes inspirés du livre The Checklist Manifesto, de Atul Gawande, qui démontre comment les checklists revues par les équipes ont permis de sauver des vies dans des situations extrêmes. Pour être productif, l’enthousiasme doit être encadré par de la méthode.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Diane et Marie-Solveig : créer de la valeur c’est apporter de l’utilité aux gens. Une utilité d’abord individuelle, car la valeur créée doit servir chacun d’entre nous, puis collective, car en créant de l’utilité pour chacun, on crée de l’utilité pour tous, au sein d’une entreprise et pour la collectivité dans son ensemble.

Diane : en ce qui concerne la valeur économique, la rentabilité est au cœur de notre modèle. D’autant plus avec un développement sans financement externe. Pour nous le plus grand capital de nos clients est humain. En le valorisant nous valorisons logiquement nos services à leurs yeux. Avant nous l’apprentissage entre pairs n’était pas valorisé. Nous avons établi clairement que nos services ont une valeur économique et financière pour les entreprises. Les projets décidés, votés, budgétisés de l’entreprise doivent être réellement mis en œuvre en fin d’année. Pour cela, elles ont besoin de la participation active et engagée de chaque collaborateur. C’est ce que permet WAP en organisant le partage et l’apprentissage au sein et entre les communautés. WAP contribue à concrétiser les projets stratégiques de l’entreprise en introduisant de nouvelles méthodes d’organisation du travail plus participatives et apprenantes.

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

Simplifier les parcours administratifs. Nous avons par exemple bénéficié d’aides dans le cadre de notre activité. Mais les démarches à suivre pour encaisser les fonds sont trop lourdes. Il faudrait presque un temps complet pour les suivre. Pourquoi ne pas simplifier le process en validant l’aide directement par l’entreprise qui bénéficie des services de We Are Peers.

Apprendre aux chefs d’entreprise et aux équipes des méthodes de vente axées sur l’écoute et le diagnostic client. C’est un cycle avec des compétences requises à chaque étape : la découverte du besoin ou d’une opportunité, le diagnostic, la recommandation, la négociation, le closing, la relation, puis le bilan. L’approche client en prévente avec le marketing communautaire est essentielle en matière d’efficacité commerciale. Regrouper des communautés par besoin pour mieux les entendre et mieux les servir est clé dans la transformation.

Aider les chefs d’entreprise à mieux gérer leurs émotions. Apprendre à gérer ses peurs, son stress. Comme le stress de la trésorerie par exemple… Mieux les préparer et les accompagner sur cette dimension psychologique.

Aider les chefs d’entreprises à nourrir leurs réflexions stratégiques, opérationnels et managériales : sur quoi mettre le focus, quel est le bon moment, quel est le bon rythme, quelle approche managériale, que dire ou ne pas dire … toutes ces questions qu’il/elle doit comprendre et maîtriser pour réussir.

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