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février 2018
« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)
Déficit commercial : le protectionnisme comme solution ?
Les lecteurs de la Décade connaissent bien sûr l’état du commerce extérieur français, qui signe un très « beau » chiffre avec un déficit de 63 milliards d’euros en 2017, contre 48 milliards en 2016. Beaucoup de commentaires soulignent que les écarts de coûts salariaux avec l’Allemagne sont maintenant très réduits et que notre déficit tient à des facteurs « hors coûts », comme la qualité ou la spécialisation qui permettent de valoriser les produits (d’obtenir un bon prix de vente pour ceux-ci). C’est oublier que dans la productivité les coûts ne sont pas que salariaux ; notre système productif est aussi frappé de charges fiscales et sociales, de réglementations diverses et de délais de paiement qui génèrent aussi des surcoûts que l’on peut mesurer par comparaison avec l’Allemagne. La taille trop modeste de nos PME ne leur permet pas non plus de se développer à l’international à un coût supportable. Mais un déficit aussi élevé témoigne aussi de notre incapacité à satisfaire notre propre demande domestique : celle-ci reste stimulée par des déficits publics importants qui se payent à crédit tandis que notre offre a été considérablement diminuée par la désindustrialisation de notre pays ces trente dernières années.
Alors que l’essentiel de ce déficit commercial est imputable à nos partenaires européens, d’aucuns vantent les mérites d’un protectionnisme « raisonné » qui protégerait notre économie et nos emplois. La situation des États-Unis est comparable à celle de la France, tant l’ampleur de ses déficits commerciaux est grande et ancienne. Il est donc facile pour le Président américain, qui dispose de pouvoirs étendus en matière commerciale, de prendre des mesures protectionnistes, en l’occurrence d’instaurer des tarifs douaniers, pour « protéger » les Américains. Lisez ce qu’en pense un autre américain Bill Bonner, dans « Contrepoints » : il n’y va pas avec le dos de la cuiller pour nous remuer les méninges et ce qu’il dit des États-Unis, vaut aussi pour la France.