Au fil des lectures : reçu 10/10
janvier 2020
« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)
Citéco, Cité de l’Économie.
Citéco, 1 place du Général Catroux Paris 17e
Il nous a pris presque six mois depuis son ouverture pour aller visiter la Cité de l’Économie. Toujours un peu ronchon, il nous semblait que mettre l’économie dans un musée n’était pas forcément la meilleure initiative pour en diffuser la pédagogie, le risque étant de plonger la matière dans le formol ; par ailleurs, suivant de loin le projet porté par la Banque de France, il nous semblait que les coûts extravagants et les délais de cette réalisation étaient bien peu « économiques » au regard des bénéfices attendus pour la collectivité. La Banque de France étant par ailleurs régulièrement critiquée par la Cour des Comptes pour sa gestion dispendieuse : une meilleure gestion se traduirait par de plus gros dividendes versés à l’État et donc (peut-être) moins de fiscalité…
Il faut savoir surmonter ses a priori et Citéco mérite un 10/10.
L’initiative a permis la rénovation d’une curiosité architecturale, l’Hôtel Gaillard, fantaisie renaissance issue des rêves du banquier éponyme à la fin du XIXe siècle. Le bâtiment classé, son escalier d’honneur, ses différentes salles méritent d’être visités, témoignage d’une époque grandiose que fût le début de la Troisième République (quel particulier se permettrait aujourd’hui un tel logement ?) et de l’époque révolue des agences de la Banque de France qui l’adapta à ses besoins (1919-2006), notamment par le creusement d’une spectaculaire salle des coffres.
Le projet pédagogique s’organise autour de six chapitres : échanges, acteurs, marchés, instabilités, régulations, trésors (monnaies). Les cinq premiers ont véritablement une ambition pédagogique avec des présentations didactiques bien réalisées et assez brèves, des ateliers interactifs, des débats entre économistes ou de courtes projections. Il est possible d’y passer 90 minutes voire 2 heures sans s’ennuyer et, pour un public peu informé, de véritablement gagner en connaissances sur cette matière économique tellement négligée.
Néanmoins nous avons trouvé la présentation de l’entreprise très pauvre et réduisant celle-ci à une organisation dont le but est le profit.
Également, la présentation du circuit de l’économie part de la dépense au lieu de partir comme Say l’a montré de la production.
Rien n’est vraiment approfondi sur le rôle et la responsabilité des banques centrales dans la génération des crises financières (on est à la Banque de France…).
Et rien n’est dit non plus sur les finances publiques, le fondement des impôts et l’effet des déficits accumulés dans une dette colossale, notamment en France. Il aurait été intéressant de faire une comparaison entre les économies des pays « bien gérés » et ceux ballotés par des politiques faibles et inadaptées.
Enfin, la salle de marché « actions » est une caricature qui ne parle pas de l’investissement en entreprises (stratégie, performance économique, évaluation), mais de trading à la petite semaine sur la base de graphes boursiers réagissant aux nouvelles du jour…
Malgré ces réserves chacun trouvera un intérêt à visiter Citéco : les Parisiens qui doivent reprendre la main sur leur patrimoine architectural, et nous tous qui devons compenser l’incapacité des médias, de l’éducation nationale et des responsables politiques à nous redonner la main sur l’économie.