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avril 2016
« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)
Excès de profits aux USA, insuffisance de compétition
Si le problème de beaucoup d’entreprises françaises est leur insuffisante profitabilité, le problème est inverse avec les entreprises américaines : The Economist dans son numéro du 26 mars publie une enquête approfondie sur le niveau de profitabilité des entreprises américaines.
USA : Bénéfices des entreprises nationales
En % du chiffre d’affaire
Rentabilité sur le capital des entreprises américaines
En %
Les salariés américains savent bien que leur part de valeur ajoutée est sous pression depuis des décennies. Le sous-emploi a permis aux grandes entreprises de conserver les gains de leur meilleure gestion, mais la persistance d’une rentabilité très élevée et au plus haut niveau historique, alors que le coût du capital est très faible, pose question. Les grandes firmes américaines ont abandonné leurs ambitions de conglomérats et se sont concentrées sur leurs spécialisations en renforçant leur poids sur leurs marchés. La concentration est notable et se poursuit comme en témoigne l’annonce de la fusion entre Dow Chemicals et Dupont. Les 4 premières firmes de chaque secteur représentent en moyenne pondérée 32% de parts de marché aujourd’hui contre 26% il y a 20 ans. Ces firmes savent défendre leurs intérêts auprès des autorités qui produisent des barrières à l’entrée (réglementations, normes etc.) que les plus petites entreprises ne peuvent franchir tant les coûts sont élevés. Des structures oligopolistiques sont observables dans les piles et batteries, l’alimentation animale, les télécoms ou la pharmacie. Les grands investisseurs comme BlackRock, State Street ou Capital Group, eux-mêmes concentrés, fixent les mêmes objectifs de profitabilité à ces grandes firmes. D’une certaine manière l’arbitrage se fait en partie en faveur des retraités, qui détiennent des plans d’épargne investis en actions au détriment des travailleurs : l’évolution démographique américaine est sans soute aussi responsable. Seuls un plus sévère contrôle des autorités antitrust, une réduction des protections des droits de propriété industrielle pourront remettre davantage de concurrence sur le marché américain. Mais la baisse du taux de chômage, aujourd’hui à 5%, si elle se poursuit, finira aussi par permettre une meilleure répartition de la richesse créée.