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juin 2015
« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)
Relançons le cercle vertueux :
Interview de Jean-Dominique Senard, Directeur Général de Michelin, aux Echos le 8 juin 2015.
Il est aujourd’hui bien difficile à un chef d’entreprise et en particulier un dirigeant du CAC 40 d’exprimer une opinion sur des sujets de société, économiques ou politiques. Bien vite, il se voit dénoncé pour des prises de positions indécentes au vue de sa situation privilégiée ou de ses décisions antipatriotiques en faveur de la globalisation. Il faut donc bien des convictions et une volonté de contribuer au bien commun pour avoir le courage de s’exprimer dans les médias.
C’est pourquoi il nous semble utile de souligner cet extrait d’une interview accordée par Jean-Dominique Senard, Directeur Général de Michelin, aux Echos le 8 juin 2015.
« Il faut, je crois, donner partout la priorité au secteur marchand, qui seul est à même d’arrêter la machine à chômage. La France souffre de l’hypertrophie du secteur public. On ne peut continuer avec de tels niveaux de dépenses publiques. La logique est la même en matière d’apprentissage. Ce chemin d’intégration des jeunes sur le marché du travail, qui peut contribuer substantiellement à la baisse du chômage, se heurte à un système bien trop complexe, avec trop d’intervenants, un rôle central de l’Education Nationale qui pose question, tout comme l’adéquation des formations aux besoins de l’industrie. Et on tend actuellement à aggraver la situation, en augmentant les ressources sur les contrats aidés – dont on sait bien que 70 % sont orientés vers le secteur public – plutôt que de miser sur l’emploi marchand. Autre sujet de taille, la fiscalité sur le patrimoine, qui a flambé en quinze ans. Depuis 1991, le taux de prélèvements sociaux sur les revenus de l’épargne a été multiplié par 13, le taux de prélèvements sociaux et fiscaux sur les revenus des intérêts a été multiplié par deux et celui pesant sur les plus-values de cession immobilière a doublé ! Depuis 2008, la fiscalité sur les revenus des dividendes a augmenté de 26 %. Ce n’est pas seulement un problème pour les épargnants, mais aussi pour les investisseurs et les entrepreneurs, dont certains quittent le pays. »
Avec raison, Jean-Dominique Senard n’insiste pas simplement sur un problème isolé pour expliquer la situation difficile dans laquelle se trouve la France. Il explique que le cercle vertueux de la création de valeur subit des forces contraires à plusieurs endroits, le transformant en cercle vicieux.
Il nous semble important ici de rappeler ce que Jean-Baptiste Say enseignait sur la création de valeur. Un entrepreneur, grâce aux recherches du savant, au savoir-faire du travailleur et aux capitaux d’investisseurs produit un bien ou un service qui sera acheté par les clients en fonction de son utilité.
« Lorsqu’un homme vend à un autre un produit quelconque, il lui vend l’utilité qui est dans ce produit ; l’acheteur ne l’achète qu’à cause de son utilité, de l’usage qu’il en peut faire. Il n’y a donc véritablement production de richesse que là où il y a création ou augmentation d’utilité. »
La création de valeur n’existe que si un bien ou un service est considéré utile par les consommateurs. Il est bien entendu que l’entrepreneur ne produira ce bien ou ce service que si sa vente lui permet de générer un revenu suffisant pour payer les matières premières, les salaires, investir dans des nouvelles machines, payer les impôts et rémunérer les apporteurs de capitaux et l’entrepreneur.
Comme le secteur marchand est le seul à créer de la valeur, il est donc le seul à pouvoir créer des emplois productifs. Mais un secteur non-marchand -où les produits et les services ne s’achètent pas directement- trop important (54% du PIB en France) prélève plus que son dû auprès des entreprises et limite leurs profits, donc leur capacité à s’autofinancer, croître et embaucher. Quelles en sont les conséquences ? Les entreprises sont moins compétitives et les actionnaires et entrepreneurs moins enclins à prendre de risques, bref on ne créé plus de richesse…