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mai 2023
« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)
Le grand gaspillage de l’argent public. « Où va notre argent ? » Agnès Verdier-Molinié.
Éditions de l’Observatoire 2023.
Comme un écho contemporain à la critique dressée dès 1992 par Revel, Agnès Verdier-Molinié repart en campagne, inlassablement. Chaque livre qu’elle publie, chaque étude de l’Ifrap qu’elle dirige se font à hauteur de dépenses publiques et d’endettement plus élevés que la fois précédente…
La première partie de son dernier livre rappelle le niveau et la structure des prélèvements obligatoires dans notre pays : 45,2% du PIB, un record historique et en comparaison de nos partenaires. Plus encore que le niveau c’est l’assiette de ces prélèvements qui conduit à l’appauvrissement de notre pays. Reposant beaucoup trop sur la production et notamment sur le travail, ces prélèvements trop élevés – entre autres facteurs – ont pénalisé la compétitivité de la France, facilitant sa désindustrialisation et gonflant ses déficits commerciaux.
Ainsi lorsque l’employeur paye 100 (pour un salaire mensuel net de 2023 euros) le salarié ne touche que 47. Cet écart de 53 est constitué des diverses cotisations sociales (dont la distinction salariales/patronales est en fait non pertinente) et des impôts sur le revenu. Bien entendu, plus le salaire augmente plus cette part augmente. Là où le salarié français ne touche que 47% de son « super brut » qui représente le coût / la valeur de son travail, la moyenne européenne est de 58,5% et la moyenne de l’OCDE de 65,3%. On comprend facilement les revendications pour plus de pouvoir d’achat !
Mais il ne faut pas oublier que ce niveau de prélèvement ne suffit pas. Du côté de l’État, pour 355 Mds de recettes en 2022 il dépense 513 Mds soit plus de 40% supplémentaires ! Quel agent économique sérieux pourrait vivre en dépensant plus de 40% que ce qu’il gagne ? Eh bien, l’État le fait en accumulant une dette toujours croissante, contrairement à ce qu’affirme le Ministre Le Maire, qui est maintenant de plus de 3 000 Milliards d’euros, soit presque 10 années de recettes !
Mais le drame dans cette affaire est la dégradation des services rendus aux citoyens par ce moloch bureaucratique. Après les recettes extravagantes, les dépenses en vain : c’est la seconde partie de l’ouvrage d’Agnès Verdier-Molinié. De l’hôpital à l’éducation nationale en passant par toute sorte de privilèges, de gabegies, l’auteur montre bien que les français n’en ont pas pour leur argent ; rappelons ce que disait Revel : « l’État dépense mal parce qu’il dépense trop ». Coexistent ainsi les gaspillages les plus visibles et les pénuries les plus honteuses. C’est bien une question d’efficacité dont parle également Agnès Verdier-Molinié. Et non une question de moyens comme l’évoquent les partisans du toujours plus :
Toujours plus de fonctionnaires
Finalement c’est bien d’un piège pour la démocratie dont il s’agit : rappelons quelques articles de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 :
Article 13.
- Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre les citoyens, en raison de leurs facultés.
Article 14.
- Les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.
Article 15.
- La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.
À bon entendeur !