Parole d’entrepreneur
avril 2015
Guillaume Gibault, créateur du « Slip Français »
Le « Slip Français », marque de sous-vêtements un brin décalée (« Le Fougueux », le « Raymond » sont les noms de baptême de certains produits!) et adoubée par les trentenaires à la mode, a été créée en Septembre 2011.
Son fondateur Guillaume Gibault, 29 ans, qui signe volontiers ses mails « Le Président du Slip » est emblématique de cette génération de jeunes entrepreneurs habiles à user des réseaux sociaux, prompts à recourir au « crowdfunding » (la start-up vient de boucler une campagne pour amorcer son développement aux Etats-Unis), qui masquent sous l’irrévérence et l’humour viral un sens aigu du marketing. Né du pari de deux camarades, Le Slip Français salarie aujourd’hui 15 personnes, en fait travailler 35 dans des ateliers strictement français et son chiffre d’affaires a atteint 1 ,5 millions d’euros en 2014.
1) Pourquoi être devenu entrepreneur ?
Quand je suis sorti d’HEC, il y 6 ans, j’ai commencé à travailler pour la chaîne de magasins Bio C Bon, alors en démarrage. Je me suis rendu compte que j’aimais tout faire dans une entreprise, engager des gens, décider de l’agencement de lieux, trouver les fournisseurs, sérier l’ordre des priorités, bref décider de tous les aspects. C’est ce goût du concret, du « direct », du « cambouis », sans circuits de décision interminables, qui m’a donné envie de « monter ma boite », comme on dit. J’ai ensuite cherché un secteur qui valorise une compétence bien française tout en permettant une communication amusante et je suis arrivé au … sous vêtement !
2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?
L’entrepreneur est seul à prendre la décision de se lancer et il porte la responsabilité de son projet, de sa réussite ou de ses échecs. Mais il ne peut être seul dans le déroulé du projet. Sa famille, ses proches et ensuite son équipe sont avec lui à toutes les étapes. Le succès d’un projet est celui d’un clan. Au Slip Français, nous sommes 15. Et j’aime à dire que nous sommes 15 à entreprendre, même si je conserve le rôle de transmettre toujours et encore de l’énergie et de la conviction.
3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?
C’est transformer une aventure personnelle en aventure collective pérenne, qui fait du chiffre d’affaires, crée des emplois, dynamise un marché et inspire une communauté. Mais en respectant tous les acteurs de la chaine. Voilà pourquoi, entre autres, nous avons voulu nous appuyer sur des savoir-faire 100% made in France, bien avant que cela ne devienne « tendance ». Nous faisons ainsi travailler 9 ateliers spécialisés, notamment près de Lille.
4) Quelles ont les trois quatre mesures à prendre pour améliorer le développement des entreprises françaises ?
Je vais parler de ce que je connais, c’est à dire les start-ups. Je suis persuadé qu’il faudrait adapter le plafond des charges pour ces dernières, voire supprimer totalement ces charges pendant 2 ou 3 ans !