Au fil des lectures : reçu 10/10
avril 2015
« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)
Hormegeddon, William Bonner – Les Belles Lettres
Editeur et entrepreneur américain William Bonner agrège Hormèse et Harmaguedon pour nous décrire le mal de notre civilisation : l’Hormèse, c’est la faculté d’un corps toxique à être utile à petite dose puis nuisible et mortel à plus fortes doses, ainsi le sel ou le sucre… Harmaguedon, mont de Galilée ou l’Apocalypse décrit le combat final entre le bien et le mal…
Avec une belle inspiration libertarienne et un ton familier, il est bien agréable de se reposer quelques questions de bases : n’avons-nous pas trop de gouvernement ? A quoi sert-il ? Comment est évaluée son action ? Sous quelle forme se traduit la responsabilité de ceux qui exercent le pouvoir ?
Pour Bonner le déroulement de la vie publique est en fait en dehors du contrôle conscient des autorités dans lesquelles les citoyens ont tant confiance. Plus un groupe social est grand, plus il bénéficie des avantages de la coopération des membres mais moins le participant individuel est incité à coopérer. L’auteur insiste aussi sur l’utilité marginale décroissante, voire l’inutilité, de l’action publique (réglementations, dépenses) au-delà de certains seuils. C’est ce moment où elle devient toxique pour l’économie et la société :
« beaucoup de produits et services commandés ou fournis par des entités non marchandes sont probablement sans valeur ou ont une valeur négative ».
La rente se développe au détriment de l’économie productive très simplement et irrésistiblement :
La quasi-totalité des individus souhaite prospérité, pouvoir et statut. Ils veulent l’acquérir le plus facilement possible. Le plus simple est de les prendre aux autres. Mais comme seul le gouvernement peut soustraire la chose d’autrui en toute légalité, les groupes s’organisent pour se tourner vers le gouvernement. Au fil du temps c’est l’Etat et non pas l’activité productive qui devient la source la plus accessible de richesse, pouvoir et statut.
Lorsque les entités privées sont atteintes durablement de sous productivité, elles finissent par faire faillite ; les gouvernements eux continuent d’entretenir des rentes financées par l’économie jusqu’à ce que le pays entier fasse banqueroute, comme la Grèce. Et Bonner s’inscrit bien dans le diagnostic de Say :
« L’impulsion, la vie sociale n’est pas dans le gouvernement mais dans les gouvernés. Toutes les entreprises productives sont des conceptions des gouvernés. Ce sont eux qui enfantent tous les produits, tous les revenus sur lesquels la société subsiste ».
On comprend bien que nos sociétés, si elles ne veulent pas perdre la bataille finale, doivent revoir sérieusement certains dosages.