Parole d’entrepreneur

juin 2022

Jean-Mathieu Sahy Fondateur de Capital Export

www.capital-export.fr

L’humain au premier rang.

Jean Mathieu grandit à Aix-en-Provence. Après un bac C, il part faire l’em-lyon. Un choix d’orientation très différent de son univers familial. Son père et sa mère sont gynécologues. Ses trois sœurs ainées seront psy, dentiste et médecin.

Pour lui ce sera plutôt la finance. Jeune diplômé il débute sa carrière à la Société Générale en M&A comme analyste. Première exposition à l’industrie alors émergeante du private equity ; c’est l’époque du LBO à 25 milliards de dollars de KKR sur RJR Nabisco. Jean-Mathieu trouve sa voie.

Le private equity répond bien à ses appétences pour les maths et la modélisation financière d’une part et à l’envie d’approfondir ses connaissances sur la stratégie au contact direct des chefs d’entreprises.

Son parcours passe par le premier FCPR créé en France par des anciens de Alpha-Associés, puis par Siparex Lyon.

Il crée Capital Export en 2010 et un premier fond en 2011 avec une mission bien claire : « …capter des capitaux longs français – caisses de retraite et grandes familles industrielles – pour financer le développement étranger de sociétés françaises créateur d’emplois locaux en France ».

Capital Export constate que son rôle d’accélérateur d’activité et d’emploi est efficace : Les sociétés en portefeuille développent leur activité internationale de plus de 80% et leur équipe de plus de 20% en moyenne. Avec un vrai focus sur l’animation du tissu économique local français : 40% des sociétés du fonds 2 sont localisées dans des communes de moins de 5,000 habitants.

Implantée à Paris et à Lyon, Capital Export gère 3 fonds, soit un total de 250 millions sous gestion, investis dans une vingtaine de PME innovantes réalisant entre 10 et 100 millions de CA dont 40% à l’international.

Issue d’une famille protestante Jean-Mathieu est très engagé dans l’animation de sa communauté spirituelle, et dans différentes initiatives caritatives telles que le soutien d’un village masaï en Tanzanie, de nombreuses actions au Sahel, ou encore sa contribution aux travaux d’une association chrétienne dans les pays de l’Est.

Sa façon de partager son succès en servant ses convictions.

1) Pourquoi être devenu entrepreneur  ?

C’est avant tout l’envie de tenter quelque chose. De connaître cette magie qui m’a permis de transformer un powerpoint maladroit de 20 pages en une société qui gère 250 millions. C’est me laisser le choix d’intégrer dans mon projet une dimension plus humaine, voire affective, dans les relations avec les collaborateurs au sein d’une équipe resserrée, et avec les chefs d’entreprise que nous accompagnons. Aussi me libérer de processus trop lourds susceptibles de freiner l’activité, de dégrader les choix ou la performance. Et bien sûr répondre à une attente insatisfaite du marché : l’accompagnement des PME à l’international.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

D’une certaine manière nous entreprenons tous. Toute personne qui a une idée et qui souhaite la développer, dans une mairie, une exploitation agricole ou une ONG, entreprend. Puisqu’il s’agit d’innover, d’avancer, de créer une façon différente de faire qui sera meilleure, plus rapide, moins couteuse, plus humaine, plus respectueuse de l’environnement…
C’est la dimension capitalisation et prise de risque qui différencie l’entrepreneur. Celui qui est prêt à sortir de sa zone de confort et de sécurité pour tout risquer. Celui qui sautera du plongeoir de 10 mètres…
L’entrepreneur doit avoir une forte capacité à accueillir le risque et l’incertitude. Il doit être endurant et résiliant.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

Pour moi la création de valeur c’est avant tout l’innovation, l’engagement et la capacité à développer. La valeur « primaire » qui en résulte s’exprime en création de revenu. La valeur finale étant la capacité à nourrir un groupe humain qui va se développer en travaillant ensemble sur des projets.
La première est nécessaire pour pouvoir créer la seconde : pas de création de valeur sociale et humaine possible sans création de valeur économique.

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

a/ Poursuivre nos efforts en matière d’innovation.
Même si la France est déjà très bien placée, il faut multiplier nos efforts pour garder notre position. Aujourd’hui la digitalisation et la finance captent toutes les attentions et tous les talents. La couche intermédiaire de connaissance technique et technologique est de plus en plus difficile à orienter vers les autres secteurs productifs. Il faudrait aussi veiller à une allocation plus juste du CIR dont 80% est capté par des grands groupes aux dépens des entreprises plus petites qui en ont réellement besoin.

b/ Faire évoluer les mentalités.
« Ne dites pas à ma mère que je suis commercial ». C’est un peu le problème dans notre culture française. Les anglo-saxons n’ont eux aucun problème pour valoriser et magnifier leur offre. Quand nous parlons de 3ème dose, eux parle de booster… Alors que la qualité de nos offres ne fait aucun doute, nous souffrons de notre faible appétit pour le marketing et la vente.

c/ S’engager encore plus dans la conquête internationale.
Comme disent les allemands « heureux comme Dieu en France ». Difficile de sortir de notre confort à la française pour se lancer dans la conquête internationale. Nous sommes bien trop casaniers. On a les produits, les talents, et les aides. Tout ce qu’il faut. Il faut y aller maintenant. Nous ne sommes qu’au 5ème rang en Europe derrière l’Allemagne et ses 300,000 entreprises exportatrices, 235,000 au Royaume Uni, 220,000 en Italie, 160,000 en Espagne, pour seulement 125,000 en France. La France n’a pas à l’export la position qu’elle devrait avoir. Cela tient à des freins culturels que devons absolument dépasser. Là encore nous ne valorisons pas assez la fonction marketing-vente et notre manque de maîtrise des langues étrangères nous freine.

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