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avril 2022
« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)
Nos 12 candidats-présidents et l’économie
La Décade l’a souvent souligné, le niveau de connaissance économique des français est très médiocre. Cette lacune est largement partagée par ceux qui les gouvernent et donnent à ces derniers un terreau bien fertile pour avancer des propositions défiant la raison et la sagesse et qui risquent d’entrainer notre pays, si elles étaient appliquées, vers un déclin encore plus profond que celui qu’il connait depuis quelques décennies. Si ce terreau a été bien arrosé par le « quoiqu’il en coûte » budgétaire et par l’argent gratuit de la politique monétaire de la BCE, il faut s’interroger sur les raisons profondes de ce déficit et de son utilisation par nos politiques.
Évidemment on pourra faire un parallèle avec le recul des connaissances scientifiques qui nous a été donné en spectacle pendant la pandémie. Et constater que la progression de l’ignorance n’est que l’opposée de ce recul des connaissances qui lui-même se nourrit du déclin des apprentissages : toute connaissance donne autorité et pouvoir au sachant. Mais notre passion pour l’égalité et la suprématie du sujet en toutes circonstances ôtent sa légitimité à la connaissance et sanctifie l’opinion qui s’affirme sans support et qui empoisonne tout déroulement sain de la pensée.
Concernant nos candidats, on ne peut que constater leur ignorance des mécanismes de création de richesses collectives et donc leur ignorance de l’histoire et du progrès économiques des deux derniers siècles qui ont abouti à notre situation enviée de prospérité. Liberté (circulation des hommes, des capitaux et des idées), éducation (progrès scientifique et innovation), épargne (accumulation du capital et investissement), entrepreneur (qui a l’initiative de mettre tout cela en mouvement au service d’un projet collectif), sont bien maltraités dans nos programmes. Certains de leurs auteurs imaginent toujours le progrès économique comme résultant d’un conflit, d’une exploitation, et non d’une collaboration ; certains ont ainsi pu soutenir des régimes au Venezuela, à Cuba, ou en Russie qui ont provoqué la ruine et l’asservissement de leurs populations et permis le vol des ressources nationales par des gangs.
Ignorance des mécanismes donc, mais aussi ignorance de la situation de notre pays : ses taxes, ses réglementations, son État tentaculaire et inefficient, ses dettes et surtout son manque de travail : 635 heures par habitant par an en France contre 729 heures en Allemagne et 752 dans le reste de l’Union Européenne, sans même évoquer le contenu de ce travail… Ainsi un candidat de 70 ans veut avancer l’âge de la retraite à 60 ans.
Chacun y va ainsi de ses baisses d’impôts, taxes (TVA, redevance) et contributions, de ses nationalisations, de ses créations d’emplois de fonctionnaires, de ses revenus pour tous, de ces minimas qui remontent, de la durée du travail qui baisse encore (32 heures en route vers les 28), de ces remboursements à 100% par la sécurité sociale etc. Mais aussi du « rétablissement » de l’ISF (triplé à l’occasion), impôt qui n’a pourtant jamais disparu, de la captation du capital privé au mépris de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen qui fait de la propriété « un droit inviolable et sacré » etc.
L’Institut Montaigne s’est exercé à recalculer les coûts annuels des différents programmes des candidats et de les comparer à leurs propres évaluations. Les deux candidats les plus proches du camp de la raison s’illustrent quand même médiocrement : là où l’une vante une économie nette de 35 Mds, l’Institut mesure une dépense additionnelle de 42 Mds et là où l’autre semble contenir une progression de dépenses nettes à 6 Mds, l’Institut chiffre celle-ci à 44 Mds. Des écarts assez faibles finalement par rapport aux autres candidats qui s’engagent pour des dépenses publiques additionnelles nettes de l’ordre de 200 Mds d’euros par an ! Rappelons à nos lecteurs que le déficit de l’État sera de 154 Mds en 2022 !
Pour les citoyens ainsi bernés, car maintenus dans leur ignorance et leurs erreurs, n’augmentent que déception et frustration. L’évolution de notre PIB par habitant, de notre dette par habitant, nos déficits extérieurs, notre désindustrialisation depuis plus de trente ans viennent nourrir les mécontentements, les ressentiments, les conflits et la violence. Car en fait, les dirigeants ne semblent pas redevables de la prospérité du pays et donc pas responsables des mesures qu’ils prennent ni des conditions qu’ils font à celle-ci. Un véritable défi lancé à la démocratie.
Allégorie et effets du bon et du mauvais gouvernement
(Sienne)