Il nous l'avait bien dit
octobre 2021
L’économie n’est point une science exacte
Le prix Nobel d’économie a été décerné ce 11 octobre à trois économistes :
Angrist (MIT), Card (Berkeley) et Imbens (Stanford). Non pas pour leurs travaux communs mais pour ce que leurs travaux ont en commun : une méthode expérimentale qui cherche les causes et les effets plutôt que la construction de modèles mathématiques explicatifs ou prédictifs. Pour une science économique qui reste concrète, permettant d’éclairer les décisions publiques. Il n’est pas inintéressant de rappeler que c’était bien la voie reconnue par Say en son temps.
« L’économie est la science des organes et des aliments du corps social ; elle enseigne par quel mécanisme il subsiste, elle est à la société ce que la physiologie est au corps humain. Les sciences fondées sur les faits physiques ne sont point toutes des sciences exactes. Il n’y a dans la physique expérimentale qu’un petit nombre de résultats que l’on puisse établir d’avance par le calcul. C’est la raison pour laquelle l’économie n’est point une science exacte, et que ceux qui ont voulu y appliquer des formules algébriques n’ont rien produit d’utile et de vrai. Mais comme science expérimentale elle est éminemment utile ; car si elle ne nous enseigne pas jusqu’à quel point exact une cause agit, au moins nous indique-t-elle dans quel sens elle agit, et si cette cause nous éloigne ou nous approche du but désiré : le bonheur de l’espèce. On ne peut pas dire qu’elle n’est pas soumise au calcul, car l’appréciation et le choix des moyens sont des calculs ; mais les bases de ces calculs, au lieu d’être des données arbitraires comme dans les mathématiques, sont des faits réels. On est d’autant plus savant en économie politique que l’on connait mieux les faits qui doivent entrer dans les calculs, et que l’on apprécie mieux l’étendue de leur influence. »
LeCommentaire sur le cours d’économie politique d’Henri Storch. in Mélanges d’économie politique – œuvres diverses ed. 1848