Parole d’entrepreneur

mai 2021

Olivier Gambari – Président Fondateur de Olistik & Associé de iNex-Circular

Entrepreneur libre

Planter, arroser, entretenir, récolter… l’entretien régulier du jardin familial à Ury-sur-Seine et à Coulommiers aux côtés de ses parents aura certainement contribué à façonner l’âme d’entrepreneur d’Olivier Gambari.

Des parents qui compensent des moyens modestes par l’action, la créativité, et l’engagement personnel. Très vite ils transmettent à leur fils la valeur de l’investissement et du travail, de la rigueur et des obligations, de l’ambition. Le goût d’entreprendre. Très tôt Olivier met à profit ses passions pour se donner les moyens de financer ses projets. Avec ses cours particuliers de musique et la location de ce studio « presque pro » d’enregistrement dans sa maison, il paye ses premiers voyages et se forge ce caractère d’homme libre.

Parce qu’il a besoin de comprendre son environnement, Olivier fait un DEA de sociologie. Une première étape qu’il investit sagement dans une formation ingénieur télécom et qui lui offre ses premières expériences professionnelles chez Cegetel dans la gestion des flux de streaming, notamment celui du Loft-2. Puis chez Bolloré dans le développement d’applications innovantes pour les serveurs vocaux alors en pleine expansion. Les réunions marketing sans fin le poussent à faire son sac et partir pendant 1 an et demi autour du monde : Népal, Tibet, Inde, Afrique du Sud…

Pour vivre et continuer d’étape en étape, il développe des sites internet. Il crée caravane.com. Tout de suite repéré par Télérama. D’abord free-lance à son retour en France en 2005, il crée son agence Web en 2008. Le goût du travail bien fait et le bouche-à-oreille lui permettent de signer rapidement de grosses références : EADS, Air Liquide, … sans jamais démarcher le moindre prospect. Comme les plantes qu’il travaillait et arrosait enfant avec ses parents, son agence Olistik grandit, s’épanouit, et compte des clients tous fidèles depuis plus de 10 ans.

Deux autres tentatives de création en association suivent, sans succès. Olivier retient la leçon : bien se connaître avant de s’associer ! Pour l’essai suivant, il travaille 6 mois sur son nouveau projet avant de s’associer pour créer iNex-Circular. Ce « tinder du déchet », outil de détection de gisement local de déchets destinés aux recycleurs, aux industriels et aux énergéticiens, compte une vingtaine de clients parmi lesquels de belles références telles que Veolia, Engie, Solvay ou encore Chanel.

1) Pourquoi être devenu entrepreneur ?

Depuis le plus jeune âge, je suis extrêmement indépendant. Ma recherche d’indépendance m’a toujours poussé à agir. J’ai été habitué par mes parents à faire les choses moi-même, à prendre l’initiative et comme eux dans la conduite de leurs projets, à investir, travailler, valoriser. Mon choix d’études devait aussi me permettre de répondre à mon objectif d’indépendance.

2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?

Ce qui permet d’entreprendre c’est l’équipe que l’entrepreneur réunit autour de son projet. L’équipe a un pouvoir d’action déterminant à partir du moment où elle s’investit. Chacun a la capacité de prendre des initiatives, de créer de nouveaux produits par exemple. Plus l’équipe entreprend et innove et plus elle crée de la richesse.

Si l’entrepreneur est souvent celui qui détecte sur le marché les nouveaux besoins, c’est finalement l’équipe qui va développer les produits et les services qui vont y répondre.
On peut aussi considérer que la Société et ses nouveaux besoins qui émergent sans cesse exercent une force puissante conduisant les entrepreneurs et les entreprises à entreprendre.

Finalement ce qui différencie un entrepreneur des membres d’une équipe « entreprenante » c’est l’appétence au risque financier, et la capacité à gérer la pression et à planifier le développement.

3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?

La création de valeur d’après moi correspond à l’alignement et l’équilibre de trois éléments : la valeur sociétale de notre offre qui répond à un besoin, les valeurs que nous partageons en interne au sein de l’entreprise qui permettent de générer des performances élevées, et enfin résultat logique des deux valeurs précédentes, la valeur financière.

On crée de la valeur avec la mission que l’on porte. C’est notre cas avec une mission à fort impact environnemental et local. Notre vision est de réduire l’impact environnemental sans pour autant basculer dans la décroissance. Le retour en arrière n’est pas possible. Adapter les paramètres est donc créateur de valeur.

Après il y a la création de valeur éthique, la façon dont on voit le monde et la façon d’interagir avec les autres. Nous sommes sur des éléments humanistes, mais rigoureux. Bienveillants, mais pas prêts à accepter la médiocrité. Nos valeurs sont la rigueur, la régularité et le dépassement de soi. La méritocratie est très vertueuse.

4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer
le développement des entreprises françaises ?

Lorsque j’ai monté ma société, la seule aide dont on pouvait bénéficier était l’exonération de charges sociales. Il n’y avait pas d’incubateurs, d’accélérateurs, de BPI, etc.

Aujourd’hui, difficile de dire ce que l’on pourrait ajouter à tout ce qui existe déjà. Avec iNex nous avons bénéficié de nombreux accompagnements : Accélérateur Polytechnique gratuit et une aide de 30 000 €, Accélérateur Essec gratuit, formations INSEAD. Lorsqu’on a commencé à lever des fonds, la BPI a ajouté un prêt équivalent à 50% des fonds levés avec remboursement différé. Que peut-on attendre de plus ?

L’obstacle aujourd’hui c’est le recrutement. Il y a pénurie d’ingénieurs dans la data. Tout le monde se rue sur les Data Scientistes et les Data Analystes. Mais les technos vont tellement vite qu’il est compliqué d’adapter le système éducatif assez rapidement aux besoins des entreprises.

Il arrive un moment où il faut arrêter de vouloir être aidé. Il faut savoir s’aider soi-même avec tout ce qui existe déjà.