Il nous l'avait bien dit
mars 2021
Ce sont les pauvres qui portent le fardeau de l’impôt
« Sachons donc convenir d’une vérité qui nous presse de tous les côtés : lever des impôts exagérés, avec ou sans la participation d’une représentation nationale, ou avec une représentation dérisoire, peu m’importe, c’est augmenter les frais de production, sans accroître l’utilité des produits, sans rien ajouter à la satisfaction que le consommateur peut en tirer ; c’est mettre une amende sur la production, sur ce qui fait exister la société. Et comme parmi les producteurs, les uns sont mieux placés que les autres pour rejeter sur leurs coproducteurs le fardeau des circonstances, elles pèsent sur certaines classes plus que sur d’autres. Un capitaliste peut souvent retirer son capital d’un emploi pour le consacrer à un autre ; il peut l’envoyer à l’étranger. L’entrepreneur d’une industrie a souvent assez de fortune pour suspendre ses travaux pendant un temps. Aussi tandis que le capitaliste et l’entrepreneur restent maîtres des conditions, l’ouvrier est obligé de travailler constamment et à tout prix, même lorsque la production ne lui donne plus de quoi vivre. C’est ainsi que les frais excessifs de production réduisent plusieurs classes de certaines nations à ne consommer que ce qu’il y a de plus indispensable à leur existence, et les dernières classes à périr de besoin. Or n’est-ce pas, d’après vous-même1 de tous les moyens de réduire le nombre des hommes, le plus funeste et le plus barbare ? »
1 Essai sur la population, de Malthus.
Correspondance avec M. Malthus in Œuvres diverses de J-B Say -1848- p 479.