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mars 2021
« L’économie : il y a peu de sujet sur lequel on se soit plus donné carrière pour déraisonner » (traité 1ère ed.)
Le « service public » de la radio prédateur de ses concurrents
Un Contrat d’Objectifs et de Moyens (COM) dirige la gestion du service public de Radio France (7 stations et 4 orchestres). Doté d’un budget public (issu de la redevance) de 600 millions d’euros, « le service public » de la radio bénéficie en plus depuis 2016 pour trois de ses chaînes (France Inter, France Info et France Bleu) d’un droit de diffusion de publicités commerciales normalement limité à 42 millions d’euros, mais qui représentent quand même environ 8% du marché publicitaire total de la radio. Le gouvernement, estimant sans doute être arrivé à la limite de ce que les contribuables peuvent accepter de payer pour l’audiovisuel public, prévoit dans le COM 2021-2022 de supprimer ce plafond, qui en pratique a été dépassé, atteignant selon les années jusqu’à 50 millions.
Il faut savoir qu’en quinze ans le budget de Radio France a progressé de 23% tandis que celui des radios commerciales a baissé de 33%. Ce budget (630 millions) dépasse ainsi celui des 330 radios privées (550 millions)… Le déplafonnement des publicités commerciales sur le service public viendrait encore diminuer les ressources déjà bien amoindries du secteur privé. Dans un rapport de 2018 la Cour des Comptes épingle l’incapacité du service public à maîtriser ses dépenses de fonctionnement.
C’est une belle illustration de l’incurie étatique : installation d’une rente, incapacité à en maîtriser les coûts, prédation de ressources additionnelles sur le secteur privé après épuisement de la manne publique. Le secteur privé risque donc de payer en chômage et en appauvrissement de son offre cette faveur accordée à Radio France qui vit pourtant grassement : le coût à l’auditeur y est deux fois et demie plus élevé que dans le privé. Pour quel bénéfice pour les auditeurs ? Certes, on peut défendre un coût de programmation sur France Culture plus élevé que sur une radio musicale, mais quelles comparaisons faire pour les 6 autres chaînes de Radio France ? Et même France Culture ne dispose-t-elle pas d’un stock de productions colossal qui pourrait sans dommages se substituer à certaines productions contemporaines discutables ? Ainsi par affaiblissement systématique des concurrents privés, risque de se reconstituer une forme de monopole public par concentration de moyens qui réduira un pluralisme médiatique déjà maigre.
Belle illustration aussi de nos « deux » France : l’une soumise à la concurrence, aux obligations réglementaires et au cycle économique et l’autre, bouffie, protégée et défendue comme « un choix de société », qui est en fait celui de ceux qui en tirent parti ou profit.