Il nous l'avait bien dit
avril 2019
La sagesse des chefs, mère de la prospérité
On sait que Jean-Baptiste Say eut fort à faire avec Napoléon qui le chassât du Tribunat pour son opposition à ses thèses économiques, interdisant que soit réédité son Traité jusqu’en 1814. Petite revanche de Say dans ses « Erreurs en Économie politique ». La transposition à l’époque contemporaine ne manque pas de vérité…
« C’est surtout pour les chefs des nations, qu’il est honteux de ne pas savoir ce qui fait vivre les nations, ce qui donne la force et la santé. Napoléon s’imaginait que la force brutale gouvernait le monde : il ne se fiait qu’à elle seule ; et il a ainsi vu s’évanouir entre ses mains les alliances, l’agriculture, le commerce, le territoire même de la France, lorsqu’il dépendait de lui de tirer parti de ces avantages, de les accroître et d’être le prince le plus puissant du pays le plus prospère du monde : tellement que ce pays déchu par sa faute a joui, sous ses imbéciles successeurs, d’une prospérité bien supérieure à celle qu’il avait connue sous son règne. Il en a joui par le seul effet de la paix et d’un gouvernement trop faible pour être oppressif ; l’industrie a fait des progrès ; les arts, le commerce, la population, ont pris de grands développements. Napoléon pouvait recueillir le fruit de tous ces avantages et de beaucoup d’autres. Il pouvait devenir grand et puissant ; il donnait son nom à son siècle, sans sortir de sa maison de campagne.
(…) Lorsqu’on lui disait une vérité qui le contrariait, il répondait : « vous vous trompez ». Lorsqu’on lui représentait une chose comme impossible, il prétendait que ce mot-là n’est pas français. »
Fragments et opuscules inédits. In œuvres diverses – Mélanges d’économie politique- 1848.