Au fil des lectures : reçu 10/10
avril 2019
« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)
Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation iFRAP
Nous n’avons pas signalé cet ouvrage l’an dernier qui avait été couvert par les médias à sa sortie. Il est utile d’en reparler : pour recommander son acquisition et surtout sa lecture.
Mais surtout pour donner la meilleure note à son auteur : Agnès Verdier-Molinié qui dirige le seul « think tank » privé et indépendant consacré à l’évaluation des politiques publiques. À coup de saisines de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) et de multiples recours contentieux, l’iFRAP collecte les données permettant de faire l’analyse complète des coûts et des résultats de multiples administrations, collectivités, entreprises publiques et organes politiques qui dépensent 57% de la production nationale. Ainsi, par exemple, alors que le législateur charge les entreprises de publier de nombreux bilans sociaux sur l’emploi, la parité, les rémunérations, l’absentéisme, les accidents du travail, etc., nombre de collectivités publiques n’y sont pas soumises, ou s’en affranchissent.
L’évaluation des politiques publiques est donc particulièrement laborieuse et produit en général des résultats édifiants. Sait-on par exemple que le coût de gestion de l’assurance maladie représente autour de 7% des prestations, soit 14 milliards sur les 200 milliards que coûte la santé publique ? Comment se fait-il qu’aucun de nos responsables politiques pourtant si prompts à dénoncer les coûts bancaires par exemple, ne se fasse entendre sur un tel gaspillage qui se reflète notamment dans des durées du travail et des absentéismes extravagants !
La solitude de l’iFRAP (et d’Agnès Verdier-Molinié) témoigne de l’ignorance bien entretenue de l’opinion publique, de la passivité, de la résignation voire de la complicité des responsables publics et politiques qui ont fini par provoquer une sorte de déformation sociologique de notre économie réduisant à la minorité la part de nos concitoyens participant à la création de la richesse collective. Mais il n’y a aucune fatalité dans ce domaine et les gouvernants de nombreux pays sont parvenus, après avoir informé l’opinion et fait la pédagogie nécessaire, à rééquilibrer leur économie. L’iFRAP y contribue grandement. Rappelons simplement que si la dépense publique est de 57% du PIB en France elle n’est que de 47% dans le reste de la zone euro, où l’on ne vit pas tellement plus mal…