Au fil des lectures : reçu 10/10
décembre 2014
« Une vérité appartient, non pas au premier qui la dit, mais au premier qui la prouve. » (traité 1ère ed.)
Français bougeons-nous !
A l’instar de Jean-Baptiste Say, Pierre Gattaz est à la fois un entrepreneur, un homme public et un écrivain. Son dernier livre, Français bougeons-nous !, est loin d’être une « provocation ». C’est au contraire un ouvrage plein de bon sens et de pragmatisme. Sous la frustration, qui fait écho à celle de la plupart des français, pointe l’optimisme du président du Medef. Non pas un optimisme d’homme politique, où la méthode Coué est assimilable à celle de l’autruche, mais un optimisme d’entrepreneur et de chef d’entreprise, qui sait les difficultés et les incertitudes mais est convaincu qu’avec de l’idée, du travail et de la persévérance, le succès est au rendez-vous.
Et pourtant le constat dressé est plutôt sombre. Il ne nous surprend pas car le diagnostic est aujourd’hui largement partagé : lutte des classes, élites déconnectées de la réalité, corporatismes et trente ans d’erreurs économiques. Les conséquences sont sévères puisque comme le note l’auteur, la croissance française en 2014 sera de 0,2% contre 3% en Grande Bretagne et 1.8% en Allemagne. La France a atteint les 5 millions de chômeurs en juillet 2014 avec un taux de chômage de 25% chez les moins de 25 ans.
Mais Pierre Gattaz est avant tout un chef d’entreprise qui sait voir les opportunités derrière les défaillances et les solutions derrières les problèmes. Et son élan revient au galop ! Il a compris que le pays a besoin d’un projet commun et veut « reconstruire une France de bâtisseurs, de producteurs, d’ingénieurs, de créateurs, de vendeurs ; une France qui retrouve une fierté individuelle et collective… ».
Les opportunités qui nous permettraient de retrouver une France qui gagne sont nombreuses. Le monde est en croissance. L’Asie et l’Afrique sont autant de marchés qui s’ouvrent et qui nous permettraient de démontrer notre savoir-faire ; la construction européenne nous offre un marché de la taille de celui des Etats-Unis ; l’explosion du numérique permet de mettre en valeur les compétences de nos ingénieurs etc…
Pour exploiter ces opportunités, la France se doit de remettre « l’entreprise au cœur de notre modèle économique et social », projet que le Cercle Jean-Baptiste Say porte depuis sa création, car seule l’entreprise est créatrice de valeur et de richesse pour un pays. Et de citer Xavier Fontanet : « L’Etat coule la sphère privée, tire dans le dos des entrepreneurs. Il se comporte comme un jockey obèse qui accuse son cheval d’être mauvais ! »
Est-ce que les hommes politiques français sauront réaliser cette transformation, comme l’Allemagne de Gerhard Schröder a su le faire en son temps ? « Y aura-t-il un président de la République suffisamment courageux et lucide pour dire aux chefs d’entreprise qu’ils sont des héros de la nation… ». Y aura-t-il un président de la République suffisamment courageux et lucide pour mettre en place les réformes structurelles nécessaires pour améliorer la compétitivité des entreprises, soutenir la croissance et préparer l’avenir ?
Ne pouvant finir que sur une note d’espoir, Pierre Gattaz conclut sur « L’ode à l’entreprise », appuyée et remarquée, qu’a prononcée Manuel Valls, le mercredi 27 août 2014 à l’université d’été du Medef. Mais depuis le mois d’août sommes-nous vraiment entrés dans une ère nouvelle ?