Il nous l'avait bien dit
décembre 2014
Ambition, orgueil et perversité
« Si un capital est emprunté par le gouvernement pour être employé reproductivement, il n’y a point de perte de capital à la suite de cet emprunt ; quand il est emprunté pour être consommé, il y a perte de capital, quoiqu’il reste au prêteur un contrat, une reconnaissance de son prêt. Qu’est-ce qu’un contrat dans ce cas ? C’est une délégation fournie par le gouvernement au prêteur sur le contribuable. Avec quoi le contribuable acquitte-t-il ? Avec les produits d’un capital, d’une industrie, qui sont toute autre chose que le capital livré par le prêteur et qui n’existe plus…
…Un gouvernement n’obtient jamais autant de crédit qu’un particulier solide. On ne peut exercer aucune contrainte contre lui, lorsqu’il est infidèle à ses engagements. Le soin que les particuliers prennent de leur fortune n’est jamais égalé par celui que les gouvernements prennent de la fortune publique.Le crédit public offre un moyen si aisé de dissiper de grands capitaux que plusieurs publicistes l’ont regardé comme funeste aux nations. Un gouvernement puissant par la faculté d’emprunter se mêle de tous les intérêts politiques. Il conçoit des entreprises gigantesques, couronnées tantôt par la honte, tantôt par la gloire, mais toujours accompagnées de l’épuisement. Il fait la guerre ou la fait faire ; achète tout ce qui peut s’acheter, jusqu’au sang et à la conscience des hommes, et les capitaux fruits de l’industrie et de la bonne conduite sont alors remis aux mains de l’ambition, de l’orgueil, de la perversité. »
Traité ed.1803 Livre 5.
Il faut donc distinguer les dépenses productives -qui permettent la création de richesse- et improductives- qui consomment la richesse créée. Les gouvernements dépensent fort mal la fortune qu’ils prennent aux particuliers. L’endettement public souscrit pour financer les dépenses improductives (la consommation) finit par épuiser la Nation. Jean-Baptiste Say nous avait prévenus.