Analyse économique
mai 2018
Premier baromètre Jean-Baptiste SAY, les Français et l’économie
Le premier baromètre du Cercle Jean-Baptiste Say interpelle.
Remettre sur ses jambes l’économie française nécessite une compréhension partagée de ses mécanismes élémentaires.
Or, les résultats de l’étude réalisée pour le Cercle Jean-Baptiste Say par Opinion Way sont sans appel : si 2 Français sur 3 s’intéressent à l’économie, ils sont autant à regretter de ne pas maîtriser les connaissances requises pour la comprendre. Plus de 85% attendent ainsi davantage d’information et de pédagogie de la part de l’enseignement, des politiques et des médias. Il est intéressant de mesurer une si forte proportion de Français concernés par l’économie et souhaitant la mieux comprendre dans notre pays qui a souvent fait preuve de beaucoup de légèreté dans ce domaine au cours de son histoire : l’esprit français est tellement au-dessus des considérations d’intendance et entretient un rapport si complexe et si mal assumé avec l’argent… La récession de 2008-2009 et la crise de l’euro en 2011 ont peut-être montré combien la prospérité collective était agréable…et fragile, exigeant qu’on en comprenne bien les ressorts si l’on souhaite la conserver et la développer. Les Français s’intéressent à l’économie, car ils ont compris que c’est leur intérêt.
Cette étude révèle aussi que nos concitoyens ignorent totalement ou surestiment largement les performances de la croissance française, sans percevoir l’écart grandissant qui se creuse à l’avantage de l’économie allemande : au cours de la dernière décennie, le PIB par habitant n’a progressé que de 2,2% dans l’hexagone, contre 10% outre-Rhin. Qui plus est, cette croissance s’est accompagnée d’un quasi-doublement de notre endettement public, qui représente presque 100% du PIB alors qu’il est resté stable en Allemagne autour de 60%.
Également, les Français mésestiment la concentration et l’effet fortement progressif du système fiscal tricolore : 47% n’ont pas idée de la proportion (43%) de contribuables payant l’impôt sur le revenu dont 70% pèsent sur 10% des foyers fiscaux. Cette faible proportion des foyers fiscaux soumis à l’impôt sur le revenu, l’instauration du prélèvement à la source et la suppression de la taxe d’habitation réduisent à une peau de chagrin les impôts directs payés par les français. Comment s’assurer du consentement à l’impôt dans ces conditions alors que le taux de prélèvements obligatoires (proche de 46% du PIB) nous place champion du monde ?
Ils sous-estiment la force du système de redistribution français. Leur perception de l’évolution des écarts de revenus est erronée : 76% pensent que les inégalités se sont creusées en France au cours des 10 dernières années, alors qu’en réalité elles sont restées stables (source OCDE).
Ces résultats confirment le besoin évident de formation et de pédagogie pour permettre à tous de mieux comprendre les grands enjeux économiques auxquels la France est confrontée et contribuer ainsi à des prises de décisions mieux éclairées et assumées.