Parole d’entrepreneur
octobre 2017
Olivier de La Chevasnerie – Sygmatel
Créée en 2003 par Olivier de La Chevasnerie et son associé Gérard Couvert, Sygmatel se positionne entre les petits artisans et les grands groupes dans le domaine du service client dans les métiers de l’électricité sur le Grand Ouest.
Avec un chiffre d’affaires qui croît régulièrement 20% par an depuis sa création pour atteindre 25 millions d’euros en 2016 et comptant plus de 235 salariés, Sygmatel est aujourd’hui un acteur majeur des courants forts et faibles dans la région du Grand Ouest. Elle couvre un large champ de compétences incluant l’Électricité générale, la Sécurité électronique, l’Audiovisuel, la Sonorisation, la domotique et le photovoltaïque.
Suite à l’ouverture du capital aux employés de Sygmatel via une plateforme de financement participatif, plus de 40% des salariés sont aujourd’hui actionnaires de l’entreprise.
1) Pourquoi être devenu entrepreneur ?
Moi qui ne suis pas du tout issu d’une famille d’entrepreneurs, j’ai toujours trouvé les chefs d’entreprise incroyables, visionnaires, indépendants de caractère et surtout complètement en décalage par rapport à tous les gens que je connaissais ; en un mot j’avais une profonde admiration et leur indépendance d’esprit me faisait envie. C’est donc naturellement que dès mes débuts de salarié, j’ai dessiné mon projet professionnel avec au bout le Graal : être chef d’entreprise. Je m’étais donné 10 ans pour me former dans des grandes entreprises bien structurées, finalement je ne me suis lancé qu’au bout de 13 années de salariat… Après mes études d’ingénieur et un parcours assez classique d’ingénieur d’affaires, directeur d’agence, et directeur de filiale, j’ai senti après un désaccord profond avec mes patrons, que l’heure était arrivée. Je me suis lancé à 39 ans, en 2004 j’ai créé Sygmatel, avec un projet : créer l’entreprise idéale qui réussirait à faire converger autour d’un projet d’entreprise les intérêts des salariés, des actionnaires, des clients… bref, de toutes les parties prenantes.
2) Le chef d’entreprise est-il le seul à entreprendre ?
L’entrepreneur ne peut pas être seul pour entreprendre. Il doit s’associer et s’entourer, il y a suffisamment de structures d’aide à la création ou à la reprise pour ne pas rester seul. Ça c’est pour la théorie, et je m’entoure en effet d’une équipe soudée autour d’un projet d’entreprise. Dans la pratique, l’entrepreneur reste seul face à ses doutes, c’est un peu sa marque de fabrique. Même s’il est bien entouré, à un moment ou un autre le vrai engagement c’est lui qui va le prendre, et là il sera seul. L’entrepreneur doit s’entourer au maximum sans oublier qu’à un moment il sera seul face aux décisions importantes et engageantes. C’est là peut-être que se fait la différence, l’entrepreneur assume souvent seul ses choix. Ce n’est pas facile et on voit beaucoup d’entreprises à la peine parce que le dirigeant est tétanisé par la difficulté des choix qu’il a à faire et à assumer seul.
3) Pour vous, qu’est-ce que la création de valeur ?
En tant que concept financier ? Je ne sais pas répondre à cette question, c’est un non-sujet. Ce qui est important c’est que l’entreprise se développe de façon harmonieuse en innovant, en se développant sur le territoire, en recrutant, en respectant ses clients, ses salariés, ses actionnaires, ses partenaires financiers et ses fournisseurs. Si en faisant cela je crée de la valeur, tant mieux. Mais je ne peux pas « créer de la valeur » à n’importe quel prix, au détriment d’une des parties prenantes de mon projet d’entreprise.
4) Quelles sont les trois ou quatre mesures à prendre pour améliorer le développement des entreprises françaises ?
J’en ai plus que 3 ou 4, mais j’en ai quelques-unes que je mettrais bien en tête de ma liste :
• Un seul contrat CDI à droits progressifs reprenant les bases universelles d’un contrat
de travail, le reste étant négocié par banche (un peu) et par entreprise (beaucoup) ;
• Supprimer (au pire doubler) les seuils sociaux (11,50 et 250) véritables freins
au développement des PME ;
• l’interdiction des emplois de moins de 24h hebdomadaires, « inventée » l’an passé.
• Généraliser le référendum dans les entreprises, y compris lorsqu’il y a
des délégués du personnel ;
• Généraliser l’apprentissage pour tous (en changeant le nom peut-être…) en en faisant
un passage obligé vers l’emploi, après les études ;
• Valoriser mieux la formation interne dans les sociétés en la professionnalisant
et en la finançant, avec une validation diplômante des acquis professionnels.