Il nous l'avait bien dit
novembre 2016
De l’utilité de la fortune et des fortunés…
Après la Fiac en octobre, Paris Photo + Fotofever en novembre et avec notre entrepreneur du mois, J-B Say nous donne quelques raisons de penser qu’une société doit être aimable avec ses plus fortunés, à une seule condition…
« (…) un homme riche, quand il a du mérite, se fait acteur, non sur un théâtre, mais sur la scène du monde. Tantôt, comme Malesherbes, il recueille des végétaux étrangers, qu’il acclimate par degrés, et dont il enrichit le sol de la patrie. Tantôt il cultive les lettres comme Helvétius, ou à l’exemple de Turgot et de Ricardo, il remonte aux sources de la prospérité publique. Si son goût le porte vers les sciences, comme Lavoisier, il leur consacre son temps et sa fortune.
Lors même qu’il n’a aucun de ces talents qui attirent les regards, il peut jouer un rôle honorable et même important. Celui qui peut, en s’aidant de ses lumières et de celles des autres, acheter avec discernement les productions des arts, les collections, les livres qui se recommandent par quelque mérite, exerce une sorte de magistrature, puisqu’il a des encouragements et des récompenses à distribuer. Que de services ne peut-il pas rendre de sa personne et de sa bourse ! Il est vrai qu’il faut du discernement et des ménagements : du discernement pour n’être pas dupe de l’intrigue et ne favoriser que le mérite ; des ménagements, pour ne pas blesser les amours-propres. Mais cela même occupe, et l’occupation fait la vie. L’oisiveté ne convient qu’à la sottise. »
Cours complet d’économie politique, T1. 1828 p.89